La relance de l'entrepreneuriat au Québec passe par l'atteinte de l'équilibre budgétaire, la gestion rigoureuse de la dette publique ainsi qu'une révision de la fiscalité pour les entreprises, estime la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux.

En marge d'une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), mardi, Monique Leroux a rappelé qu'il en revient entre autres au gouvernement de créer un climat susceptible de générer de l'investissement privé.

«Je pense que nous sommes rendus à une étape où de se donner une perspective de croissance, tout en se donnant une saine gestion des finances publiques, doit être une priorité», a-t-elle dit aux journalistes.

Mme Leroux a profité de son allocution devant la CCMM pour dévoiler les grandes lignes d'une recension d'études réalisées par le Mouvement Desjardins ainsi que le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations.

Le document propose notamment que les subventions aux entreprises - très généreuses au Québec - soient réduites et que les économies puissent soient utilisées afin de réduire leur fardeau fiscal.

«De façon générale, le système fiscal est relativement efficace, mais il faut le continuer à le rendre plus efficace, a souligné la pdg du Mouvement Desjardins. Il faut continuer à créer un contexte d'affaires qui stimule le démarrage.»

Mme Leroux a rappelé que les investissements privés au Québec étaient en «décroissance» depuis un certain temps, et que la recension d'études visait à proposer des solutions aux entreprises ainsi qu'au gouvernement afin de changer la situation.

Le Mouvement Desjardins a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la province en 2014, notamment avec une progression de seulement 1,7 pour cent du produit intérieur brut (PIB).

Cette cible est inférieure à celle de 1,9 pour cent du dernier budget Marceau et bien en deçà de la croissance de 2,1 pour cent que disait souhaiter atteindre le Parti libéral du Québec (PLQ) au cours de la dernière campagne électorale.

La dirigeante du Mouvement Desjardins n'a pas voulu s'avancer sur l'effet que pourrait avoir l'élection d'un gouvernement majoritaire dirigé par le PLQ - qui prévoit le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016.

«Au fond, peu importe le gouvernement, l'important (...) c'est d'agir», s'est limité à dire Mme Leroux.

De son côté, le président et chef de la direction de la Chambre, Michel Leblanc, n'a pas voulu blâmer le gouvernement Marois pour le recul des investissements privés, mais qu'un mot prononcé pendant la dernière campagne a pu créer de l'incertitude.

«On a eu une campagne où le mot »référendum« a été mis de l'avant, a-t-il dit. Ça fait très mal à l'investisseur, ça l'amène à retarder ses décisions. Dans quelle mesure la sphère politique a joué un rôle? La situation actuelle nous porte à croire que les investisseurs ne vont pas regarder la politique comme étant un frein à l'investissement.»

M. Leblanc, un militant du retour à l'équilibre budgétaire, est également du même avis que la pdg du Mouvement Desjardins en ce qui a trait à une révision de la fiscalité pour les entreprises.

«Quand le gouvernement s'engage à rendre le régime fiscal plus concurrentiel, à baisser les taxes sur la masse salariale, à revoir la fiscalité en fonction des autres endroits où nous (le Québec) sommes en concurrence, ça va lancer un signal positif (aux investisseurs)», a-t-il expliqué.

«Est-ce qu'on a des taxes qui taxent de mauvaises choses, est-ce que nous avons des crédits d'impôts qui ne sont pas utiles? s'est également demandé le pdg de la CCMM. Il faut revoir à la fois le régime fiscal et abaisser la fiscalité.»

Investissements montréalais

La pdg du Mouvement Desjardins a également profité de son allocution pour annoncer des investissements de 100 millions $ dans la métropole au cours des trois prochaines années.

Ce montant s'ajoute aux 50 millions $ destinés à la rénovation du complexe Desjardins, au centre-ville de Montréal.

Le plan de Desjardins comprend notamment l'ouverture de quelque 15 nouveaux points de services dans le quartier Centre Ouest ainsi que dans le West Island, une mesure visant à attirer quelque 200 000 nouveaux membres - surtout des anglophones, allophones ainsi que des immigrants - au sein de la coopérative.

Le Mouvement Desjardins compte actuellement 223 points de service dans la grande région métropolitaine, où l'institution sert environ 1,6 million de membres et 10 000 entreprises.