Pierre Karl Péladeau mettra ses actions de Québecor (T.QBR.B) dans une fiducie sans droit de regard durant sa carrière politique. Une décision conforme aux règles actuelles de l'Assemblée nationale, mais qui ne fait pas l'unanimité.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, estime que M. Péladeau doit vendre ses actions de Québecor s'il veut faire de la politique. «C'est une question de gros bon sens, dit M. Legault. On ne peut pas avoir l'actionnaire important de la société qui contrôle le plus de médias au Québec qui fait de la politique. Si M. Péladeau veut faire de la politique, il ne peut pas avoir un contrôle sur les médias [...] qui contrôlent une bonne partie de l'information au Québec. C'est une fausse solution, ce qu'il nous a annoncé. Il y a un conflit d'intérêts apparent.»

Le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, n'a pas commenté hier cet aspect de l'arrivée de M. Péladeau en politique québécoise.

Tradition parlementaire

Michel Nadeau, expert en gouvernance des organisations, ne croit pas que M. Péladeau devrait être forcé de vendre ses actions. «Cette idée est absurde. Premièrement, on ne trouve pas en quelques semaines un acheteur pour un bloc d'actions qui vaut environ 1 milliard. Ensuite, c'est la tradition parlementaire au Canada de laisser les actifs des élus dans une fiducie sans droit de regard. Paul Martin a fait la même chose au fédéral. C'est une formule correcte qui n'a pas donné lieu à des abus, justement parce que les élus se savent surveillés», dit Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques. M. Nadeau était numéro deux à la Caisse de dépôt et placement du Québec au moment de l'acquisition de Vidéotron par la Caisse et Québecor, au début des années 2000.