Le gouvernement Marois ne déposera pas ses prévisions de dépenses la semaine prochaine, jeudi, en même temps que le budget de Nicolas Marceau. L'allocation des budgets pour chaque ministère est un moment toujours politiquement difficile pour un gouvernement.

Ces mauvaises nouvelles seront publiées après les élections. Au cours des dernières années, la publication des «crédits budgétaires» tombait en même temps que le dépôt du budget. Une exception toutefois, l'an dernier, le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, avait déposé ses crédits deux semaines après le budget de novembre de son collègue Marceau.

Dans plusieurs ministères, on a confirmé à La Presse cette semaine que personne n'avait travaillé à préparer les crédits - les enveloppes de dépenses autorisées pour chaque ministère qui font toujours l'objet d'un échange soutenu d'information entre le Trésor et le Ministère.

Un budget plutôt mince

Par communiqué, M. Marceau a confirmé vendredi que son budget serait déposé le 20 février, à 16 h. «Le budget du Québec sera l'occasion de faire le point sur l'état des finances publiques et sur l'action gouvernementale pour soutenir l'économie», a-t-il dit.

Selon les informations obtenues, le prochain budget sera plutôt mince, comparativement aux documents nombreux et denses des années passées. Pressé par le temps, le ministère des Finances produira surtout une mise à jour des équilibres déjà publiés en novembre dernier. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de mesures. Le ministre Marceau a rencontré pas moins de 75 groupes et organisations dans le cadre des consultations prébudgétaires, et 600 citoyens ont transmis par internet des recommandations au Ministère.

À Montréal, en marge d'un événement à la mémoire de Claude Ryan, le chef libéral Philippe Couillard a relevé que le budget tomberait le même jour que le rapport du vérificateur général, chargé de se pencher sur les chiffres publiés par M. Marceau en novembre dernier.

«On va en tirer nos conclusions. On joue le même film que 2003, je me rappelle très bien d'un budget dans lequel il y avait un trou pour aller en élections et on connaît la suite», a soutenu M. Couillard. Avant de dire s'il s'opposera au budget, il veut en prendre connaissance. «Ça nous prend des chiffres qui se tiennent. C'est quoi, la croissance économique prévue? Les dépenses et revenus? Et est-ce qu'ils sont réalistes? Déjà dans les dépenses, le gouvernement s'est trompé d'environ 830 millions par rapport à son premier budget. Ce n'est pas rien, alors il est permis de douter de la crédibilité des chiffres qui nous seront présentés», prévient-il.

Selon François Legault, «les contribuables sont étouffés» et le Québec vit un problème d'investissement lié à la faible consommation de citoyens ne font plus confiance aux décideurs publics. Mme Marois doit diminuer les dépenses gouvernementales pour réduire la dette. «Elle doit démontrer que c'est possible de faire des gains d'efficacité; quand Hydro-Québec paie une douzaine de grutiers pendant deux ans pour jouer aux cartes, les gens comprennent qu'il y a des gains d'efficacité possibles au gouvernement», dit le chef caquiste.