Le gouvernement Marois appuie sur l'accélérateur pour lancer des élections générales dès ce printemps. Après dix ans de discussions, Pauline Marois annoncera vendredi que Québec participera à hauteur de 350 millions à la construction d'une super cimenterie à Port-Daniel, en Gaspésie.

Dans une région souffrant de chômage chronique, l'énorme investissement de plus de 1 milliard à Port-Daniel-Gascons aura un impact considérable. L'immense usine entraînera l'embauche de 2000 personnes pour sa construction. Par la suite, son exploitation nécessitera 400 personnes. Les travaux devraient débuter en 2014.

Ciment McInnis et le groupe Beaudier, le holding dirigé par Laurent Beaudoin, se sont entendus avec Québec pour le financement du projet. McInnis est une société apparue avec l'acquisition de Cimbec par Beaudier en décembre 2011.

On ne parle pas de subventions, mais de prêts remboursables et de participation. Par l'intermédiaire d'Investissement Québec, le gouvernement mettra environ 350 millions dans le projet, soit des prêts de 250 millions et une participation de 100 millions, approximativement. L'usine sera approvisionnée en calcaire par une carrière voisine. La société d'État avait confirmé, en octobre dernier, être en discussion sur ce projet.

Beaudier est la société d'investissement de la famille Beaudoin, principal actionnaire de Bombardier et de BRP (Bombardier Produits récréatifs).

Deux millions de tonnes par année

En allant de l'avant avec McInnis, Québec fait la sourde oreille aux doléances du géant Lafarge, carrément opposé au projet. Lafarge, contrôlé à 21 % par Power Corporation, est une multinationale française qui exploite d'autres cimenteries et bétonnières au Québec.

Les Beaudoin-Bombardier sont les principaux actionnaires de Ciment McInnis par l'intermédiaire de Beaudier, leur holding. Ils prévoient investir 1 milliard pour la cimenterie ainsi que pour un terminal marin à Port-Daniel-Gascons. La cimenterie, construite sur un gisement de calcaire, devrait produire deux millions de tonnes de ciment par année. C'est autant que la production de 2012 des quatre cimenteries au Québec.

Lafarge craint que cette nouvelle production ne vienne saturer le marché québécois ; les ventes de 2013 étaient estimées à 1,7 million de tonnes. Des emplois de Lafarge à Saint-Constant deviendront précaires, prévoyait la compagnie, inquiète de cette concurrence appuyée par des fonds publics.

McInnis soutiendra que sa production ne vise pas le marché intérieur, mais plutôt celui de l'exportation, de la côte Est des États-Unis surtout. La reprise économique chez nos voisins du Sud laisse prévoir une relance de la construction, une bonne nouvelle pour les cimenteries.