Misant sur sa proximité avec la grande ville et ses axes autoroutiers, la Rive-Sud veut devenir le secteur de prédilection des entreprises manufacturières cherchant à s'établir dans la région de Montréal. Mais il y a un hic, les grands terrains industriels disponibles se font rares.

La Municipalité régionale du Roussillon, qui s'étend de La Prairie à Châteauguay, a présenté sa solution à la pénurie de terrains industriels au gouvernement du Québec, dans la cadre de la tournée de consultation du Comité interministériel sur le développement économique du corridor de l'autoroute 30, à la mi-novembre.

Si d'autres secteurs de la Montérégie convoitent les conteneurs qui transitent par les grands centres de distribution, le Roussillon où se croisent les autoroutes 30, qui permet aux véhicules de rejoindre l'Ontario, et l'autoroute 15, qui mène à l'État de New York, mise sur le secteur manufacturier  avec son projet de plateforme de logistique multimodale à vocation industrielle.

«On n'est pas du tout dans la marchandise conteneurisée de grand volume, précise Louis Lacroix, directeur, Développement industriel, transport et logistique du CLD de Roussillon, au cours d'une rencontre dans les bureaux du CLD, dans la ville de Saint-Constant. Notre niche est vraiment dans le secteur de la marchandise transportée par camion comme des produits agroalimentaires et des produits industriels de tout acabit. »

Pour M. Lacroix, il y a un énorme coût d'opportunité à ne rien faire. «Si on n'a plus de terrains dans la première couronne, les entreprises vont s'éloigner dans la deuxième et la troisième couronne», souligne-t-il. Il donne l'exemple de la chaîne américaine Target qui a été incapable de trouver de terrains à Vaudreuil-Dorion pour son centre de distribution et qui s'est dirigé à Cornwall.

Les autorités du Roussillon proposent donc au gouvernement du Québec de devenir propriétaire des terrains ceinturant le carrefour A15/A30 dans le but de constituer une réserve foncière industrielle d'une superficie de 940 hectares, une banque de terrains qui comblerait les besoins pour les 50 prochaines années. Le coût de l'assemblage des terrains est estimé à 50 millions.

Outre l'achat de terrains zonés agricoles pour 50 millions, des investissements publics de 50 millions sont demandés pour ouvrir 3 nouveaux accès autoroutiers.

« L'idée est de demander au gouvernement de soustraire du marché une certaine superficie d'un site stratégique comme les autoroutes 30 et 15 pour pouvoir les mettre en disponibilité graduellement et éviter la spéculation et le développement à la pièce », dit M. Lacroix.

Au cours de la première phase de 10 ans, l'organisme propose le dézonage de 317 hectares de terres agricoles, dont 100 hectares sont cultivés actuellement. D'ici 50 ans, c'est près de 6 % du territoire agricole de la MRC qui serait dézoné à des fins industrielles.

Des retombées de 1 milliard en 10 ans

Selon le plan d'affaires préparé par le Centre local de développement de Roussillon, les retombées d'un tel parc industriel métropolitain favorisaient la création de 6600 emplois et des investissements privés de 1 milliard en 10 ans. À plus long terme, le CLD chiffre les retombées potentielles à 4 milliards en investissements privés et à 24 000 emplois.

Pour remplir son futur parc industriel, le Roussillon cible les créneaux de la biométhanisation, de la motricité électrique, l'approvisionnement du Nord québécois, de même que ceux de la logistique dans les secteurs agroalimentaire et de la santé.

Dans le secteur de la santé, le Roussillon propose que le ministère y crée, sous forme de projet-pilote, une centrale d'approvisionnement des 11 Centres de santé et de services sociaux (CSSS) de la Montérégie de sorte que les hôpitaux se concentrent sur leur mission première, les soins.

La région souhaite aussi accueillir des entrepôts dédiés à l'exportation des produits maraîchers en complémentarité au Marché Central, qui se trouve sur l'île de Montréal. Parmi les jardiniers maraîchers québécois, presque 7 exportateurs sur 10 sont situés en Montérégie.

Le gouvernement doit décider en 2014 s'il retient ou non la proposition du CLD de Roussillon.