Après nous avoir encouragés à mettre plus de produits québécois dans notre assiette, le gouvernement Marois veut maintenant nous en mettre davantage dans nos verres en faisant plus de place aux vins du Québec à la SAQ.

Trois gros canons du gouvernement, soit la première ministre Pauline Marois, le vice-premier ministre François Gendron et le ministre des Finances, Nicolas Marceau, étaient au siège social de la Société des alcools du Québec (SAQ) hier pour annoncer une amélioration de 4,3 millions de dollars sur trois ans de l'aide accordée aux viticulteurs québécois.

C'est une somme modeste, mais qui fera une grande différence pour cette jeune industrie, selon Yvan Quirion, vigneron et vice-président de l'Association des vignerons du Québec. «C'est un tournant. Dans 25 ans, on va encore se souvenir de cette journée», a-t-il dit.

Et dans les épiceries?

Le producteur du Domaine Les Brome, Léon Courville, est moins enthousiaste. «C'est bon, mais il y a encore de l'ouvrage à faire pour pouvoir se battre à armes égales avec la concurrence, a-t-il commenté. On voudrait aussi pouvoir vendre nos produits dans le réseau des épiceries, ce qu'on ne peut toujours pas faire.»

L'État verse actuellement 2,70$ par bouteille aux producteurs de vins québécois. Cette aide passera à 4,70$ la bouteille sur une période de trois ans ou d'un maximum de 125 000$ à 130 000$ par entreprise et par année. Pour y être admissible, l'entreprise devra toutefois faire certifier ses vins.

La SAQ prend la même marge de profit sur les vins québécois que sur les autres vins qu'elle vend, ce qui ne changera pas. La société d'État leur fera toutefois plus de place dans ses 400 succursales et en fera la promotion auprès de sa clientèle.

L'espace tablette étant limité dans les magasins, les produits québécois délogeront forcément des produits qui s'y trouvent déjà. Ce n'est pas un problème, compte tenu du grand choix de produits offert à la SAQ, estime son président du conseil, Sylvain Simard.

Les vins québécois ne comptent actuellement que pour 0,5% des ventes annuelles de 3 milliards de la SAQ.

L'industrie québécoise du vin recouvre une vaste réalité, du retraité qui en a fait un passe-temps à celui qui investit de grosses sommes pour pouvoir en vivre. Tout le monde devrait trouver son compte dans la nouvelle politique de la SAQ, croit Yvan Quirion.

Ça fait des années que l'industrie réclame ce coup de pouce de la SAQ. C'est une dégustation à l'aveugle de vins québécois, organisée par le ministre François Gendron pour son collègue des Finances, Nicolas Marceau, et le nouveau président du conseil de la SAQ, Sylvain Simard, qui a fait avancer les choses, a confié M. Quirion.

L'industrie du vin au Québec : 

> 110 producteurs

> 80 millions de revenus annuels

> 1600 emplois directs et indirects