Stoppé dans son élan des 10 dernières années, le marché de la construction résidentielle n'a pas le choix de s'ajuster à la baisse des mises en chantier. Les promoteurs à qui nous avons parlé sont déjà à corriger le tir en prévision du plus faible nombre de premiers acheteurs et du déclin continu de la maison unifamiliale.

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) prévoit que les mises en chantier reculeront en rythme annuel de 22% au Québec en 2013 et d'un autre 1% en 2014. Les années de vaches grasses sont chose du passé et le nombre de mises en chantier va se stabiliser autour de 35 000 à 40 000 par année, alors qu'on a connu des années supérieures à 45 000 mises en chantier depuis 2002.

Des pertes d'emplois sont à prévoir dans l'industrie. À la Commission de la construction du Québec, on s'attend à une diminution de 10% des heures travaillées l'an prochain par rapport aux 29 millions d'heures estimées pour 2013. En 2012, on comptait 32,4 millions d'heures travaillées dans le secteur résidentiel.

La Presse Affaires a demandé à quatre promoteurs de nous confier leurs stratégies pour tirer leur épinge du jeu.

Thibault Messier Savard et Associés: viser les boomers

Chez Thibault Messier Savard et Associés (TMSA), promoteur du Castelnau, au parc Jarry, dans le quartier Villeray, à Montréal, on reconnaît d'emblée que 2013 a été une année de ralentissement, mais rien de catastrophique, puisque son projet s'adresse principalement à une clientèle de boomers, moins éprouvée que les premiers acheteurs par le resserrement des règles hypothécaires décrété par le gouvernement fédéral.

«C'est davantage du boomer qui va à Castelnau», dit Martin Galarneau, associé et vice-président, Affaires corporatives et Développement, chez TMSA. D'après lui, la génération née après la Deuxième Guerre mondiale cherche un logement de plus grande superficie que les accédants à la propriété. «La proximité des restaurants de qualité et d'une vie urbaine riche va être plus importante.

Habitations Trigone: multiplier les projets

Habitations Trigone a construit 1080 unités de condos en 2012, sur la Rive-Sud et dans la couronne nord. Ses projets, qui se caractérisent par leur abordabilité, sont souvent situés à proximité d'un stationnement incitatif.

Conscient que les premiers acheteurs se font plus rares dans les bureaux de vente, son président Patrice St-Pierre protège ses parts de marché en multipliant le nombre de projets, mais de moindre envergure. «On a lancé pour plus de 1 milliard de projets pour les années à venir», souligne-t-il.

Industries Bonneville: diversifier l'offre

Le fabricant de maisons usinées Industries Bonneville a pris acte du déclin de la maison unifamiliale dans le marché du neuf. La maison représente seulement le quart des mises en chantier dans la région montréalaise, comparativement à 50% pour le condo.

L'entreprise de Beloeil, en Montérégie, s'est diversifiée dans les dernières années dans la construction de résidence secondaire en usine. Elle a de plus lancé son produit Soluplex, des logements multiples construits clés en main à l'intention des investisseurs. «Ce sont des multilogements de 8 à 48 logements, offerts soit en condos ou soit en location», précise Dany Bonneville, coprésident.

Sotramont: maisons en rangées et copropriétés superposées

Actif dans le quartier Bois-Franc, à Saint-Laurent et à Pointe-Claire, Sotramont a délaissé la maison unifamiliale, devenue hors de prix, il y a six ans. Le constructeur se concentre sur la maison en rangée, la copropriété et la copropriété superposée. Ce produit est constitué de deux unités de copropriété à deux niveaux chacune, de quoi accommoder les jeunes familles qui désertent l'île faute d'une offre adaptée à leur réalité.

«On a vendu 76 unités dans une première phase. Huit fois sur dix, l'acheteur a entre 30 et 45 ans et compte un enfant», indique Alain Plamondon, vice-président Finances, Ventes et administration. Dans les prochaines années, il veut en construire 96 nouvelles unités, avec un prix de départ de 389 000$.