Les agences de placement de personnel temporaire soulèvent des doutes dans certains milieux syndicaux et politiques. Pourtant, ces agences auraient démontré, ici et ailleurs, leurs avantages pour dynamiser le marché du travail en le rendant plus flexible aux aléas de l'économie et aux besoins changeants des employeurs.

Par conséquent, selon une note d'analyse tout juste complétée par l'Institut économique de Montréal (IEDM), vouloir réglementer davantage les agences de placement au-delà des normes du travail en vigueur pourrait nuire à l'efficacité de tout le marché de l'emploi. Et du coup, c'est toute l'économie d'un pays qui peut s'en ressentir, par une hausse de ses coûts de main-d'oeuvre et du taux de chômage à moyen terme.

«La présence d'agences de placement permet aux entreprises de mieux gérer leurs besoins de main-d'oeuvre en fonction de plusieurs circonstances. Aussi, les entreprises qui utilisent ce type de services et qui misent sur la flexibilité de leur main-d'oeuvre ont tendance à mieux performer financièrement. Ces gains d'efficacité se traduisent par une plus grande création d'emplois dans l'économie», écrit Youri Chassin, économiste à l'IEDM, dans la note publiée aujourd'hui.

Il a préparé cette brève analyse de l'apport économique des agences de placement en suivi de l'intention exprimée par le gouvernement Marois à Québec de resserrer la réglementation des agences de placement.

Cette intention s'est manifestée après des constats d'abus de la part de certaines agences de placement envers des membres travailleurs à statut précaire, notamment dans des services d'entretien ménager.

Face à ces situations, l'économiste de l'IEDM acquiesce aux «nobles intentions qui sous-tendent les appels à plus de réglementation». Toutefois, il avertit du «danger bien réel» d'imposer une réglementation trop serrée à l'ensemble des agences, ce qui pourrait nuire à la flexibilité du marché du travail et à toute l'économie.

Selon M. Chassin, l'impact d'un tel manque de flexibilité s'observe dans l'écart défavorable de performance du marché du travail (taux de chômage, création d'emplois) qui persiste entre des pays d'Europe et les États-Unis.

Chez nos voisins du Sud, d'ailleurs, l'apport des agences de placement au marché du travail a été particulièrement important en ces années de timide reprise de la croissance. Alors qu'elles comptent pour 2% de l'emploi total aux États-Unis, les agences de placement auraient été responsables de 12% de la création d'emplois depuis trois ans.

Par ailleurs, M. Chassin a relevé que dans la plupart des économies développées, les agences de placement s'avèrent souvent la porte d'entrée la plus efficace vers le marché du travail pour les jeunes et les immigrants récents. Elles leur permettent d'acquérir de l'expérience, même temporaire, et de développer des contacts vers un emploi régulier et de meilleure qualité dans leur domaine, ce qui se veut souvent très difficile par leurs propres moyens.

Dans ce contexte, avertit l'économiste de l'IEDM, trop réglementer les agences de placement pourrait être davantage nuisible à la lutte contre le chômage parmi les groupes de citoyens qui peinent déjà le plus à trouver des emplois adéquats.