Rapprocher les entreprises des facultés de génie et des sciences de la vie. Décontaminer les terrains sur les rives du fleuve Saint-Laurent. Et lancer une «mini-révolution» à Investissement Québec pour l'octroi de crédits d'impôt, quitte à faire rouler des têtes. Voilà les grandes lignes du Projet Saint-Laurent que le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, dévoile dans son nouveau livre, publié lundi. Coup d'oeil sur le projet qui, rêve la CAQ, créerait une Silicon Valley québécoise le long du fleuve.

Voici ce que propose la CAQ

Arrimer les entreprises aux facultés de génie

François Legault en est conscient. Pour plusieurs chercheurs, la phrase résonne comme le bruit des ongles sur un tableau. Mais il rappelle que c'est en Finlande et en Suède, modèles en éducation, qu'on trouve le plus grand arrimage entre les entreprises et les universités. «Et le scientifique en chef du Québec y est aussi favorable», rappelle-t-il.

L'objectif de la CAQ: orienter la recherche appliquée vers des domaines commercialisables et exportables, pour favoriser la naissance d'entreprises innovantes.

M. Legault précise ne pas vouloir diminuer le budget de la recherche fondamentale. Il le maintiendrait et augmenterait celui de la recherche appliquée en génie et dans les sciences de la vie.

Ce financement viendrait en bonne partie d'un «ménage» dans les crédits d'impôt alloués à la recherche et développement (RD). La CAQ voudrait que le quart de ces crédits d'impôt - soit 200 millions - aille à des projets réalisés par des entreprises en partenariat avec une université.

Mini-révolution à Investissement Québec

François Legault propose une «mini-révolution» à Investissement Québec (IQ). Et il ne s'en cache pas, des têtes rouleraient. Les crédits d'impôt sont actuellement gérés par le ministère des Finances. Pour les 800 millions de crédits en RD, il voudrait confier cette tâche à IQ. Et changer son dirigeant. «Ça prend une personne spécialisée en développement des entreprises. Mario Albert [le dirigeant actuel], je l'aime bien, mais c'est un fonctionnaire de carrière. Et Jacques Daoust [ancien dirigeant], c'était un banquier.»

Les crédits d'impôt en RD sont gérés en fonction des critères généraux de Revenu Canada, dénonce-t-il. Il voudrait une évaluation au cas par cas, en fonction de deux critères: l'impact sur la productivité et la création d'emplois à valeur ajoutée.

Le chef de la CAQ martèle que l'Ontario dépense 700 millions par année en crédits d'impôt, comparativement à 2 milliards pour Québec. «Et ils ont de meilleurs résultats que nous! On peut faire plus avec moins.»

Cité du Havre et berges du Saint-Laurent

Le «gros projet» que propose François Legault pour Montréal est connu. C'est celui de la Cité du Havre, présenté en 2004 par Lucien Bouchard. «L'autoroute Bonaventure sera mise à terre pour lier les quartiers Griffintown et Récollets. C'est déjà prévu. Mais on pourrait aller plus loin et donner accès aux berges entre les ponts Champlain et Jacques-Cartier.» Cela ressemble à ce que propose Projet Montréal, reconnaît-il, mais sans le volet sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame.

Il veut aussi décontaminer des terrains dans l'est de Montréal, comme le souhaite la chambre de commerce locale, pour y attirer de grandes entreprises. «Ce volet se ferait à plus long terme», précise-t-il.

Les bateaux s'arrêteront à Contrecoeur

S'il n'en tient qu'à la CAQ, plusieurs bateaux déchargeraient leur cargaison à Contrecoeur, près de Sorel, où de nombreux terrains sont disponibles. Ils auraient ainsi un accès facile aux États-Unis, grâce à la nouvelle autoroute 30. On diminuerait du même coup la circulation à Montréal sur les ponts et la rue Notre-Dame. «On veut en faire un boulevard urbain, et non une autoroute encastrée comme ce qui est prévu», lance-t-il.

Une entente avec Ottawa serait nécessaire pour modifier ainsi le transport maritime. M. Legault a notamment consulté Paul Martin, ancien premier ministre du Canada et patron de Canadian Steamship Lines, pour ce projet.

L'Institut national d'optique, un modèle

L'Institut national d'optique, situé à Québec, est un modèle pour M. Legault. Il est administré à la fois par des membres des milieux universitaire, gouvernemental et privé. «Quand ils voient qu'un projet ne pourra pas être commercialisé à terme, ils l'abandonnent. Ils figurent parmi les meilleurs au monde en optique.» L'Institut a notamment développé un appareil pour faciliter les prises de sang qui a été utilisé par Chris Hadfield dans sa dernière mission spatiale.

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Cap sur un Québec gagnant

- Le Projet Saint-Laurent

François Legault,

Éditions Boréal, 304 pages

En librairie lundi