Le Québec deviendra de facto la porte d'entrée de l'Europe en Amérique du Nord grâce à la signature de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne aujourd'hui à Bruxelles, estime l'ancien premier ministre Jean Charest.

C'est d'ailleurs avec cette conviction en tête que M. Charest a été le premier leader politique au pays à exhorter le gouvernement Harper à entreprendre des pourparlers de libre-échange avec ce bloc économique de 500 millions de consommateurs en 2007.

Joint par La Presse à Pékin, où il séjourne actuellement afin de brasser des affaires pour son employeur McCarthy Tétrault, M. Charest n'a pas caché sa joie et sa satisfaction de voir plus de quatre ans de négociations finalement aboutir.

Le premier ministre Stephen Harper et le ministre du Commerce international Ed Fast se sont envolés hier en direction de Bruxelles afin de signer aujourd'hui l'entente de principe en compagnie du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Un des grands gagnants

Pour M. Charest, il ne fait aucun doute que le Québec sera l'un des grands gagnants de cet accord qui, selon les calculs d'Ottawa, devrait entraîner des retombées économiques de 12 milliards de dollars par année au Canada et permettre la création de 80 000 emplois.

«Je suis très heureux de la tournure des événements. M. Harper a pris le dossier en main et il livre la marchandise. Des projets comme ceux-là ne se concrétisent pas à moins d'avoir un leadership politique», a affirmé d'emblée M. Charest.

M. Charest s'est dit persuadé que le Québec va y trouver son compte, malgré les craintes de producteurs laitiers. «C'est l'ensemble de l'économie du Québec qui va en bénéficier. Le Québec est la porte d'entrée de l'Europe en Amérique du Nord», a-t-il dit.

«Le Québec doit se présenter ainsi et on le fait en Europe. L'effet net de cette entente, c'est que cela nous place dans le milieu de la plus grande zone de libre-échange au monde avec l'ALENA, dont on fait partie, et l'Union européenne qui compte 500 millions de consommateurs. Nous sommes les premiers à arriver à une entente, avant les Américains. Cela nous donne clairement un avantage», a ajouté l'ancien premier ministre.

Au sujet des inquiétudes des producteurs de fromage, M. Charest s'est dit convaincu que le gouvernement fédéral mettra en oeuvre des mesures de compensation pour assurer une transition en douceur.

Il a aussi tenu à rappeler que les producteurs de vin de l'Ontario craignaient le pire à la suite de la conclusion de l'Accord de libre-échange avec les États-Unis et que ces mêmes producteurs ont su tirer leur épingle du jeu après la libéralisation des échanges.

«Du côté québécois, il y aura des réactions, notamment en ce qui concerne les quotas du fromage. À mon avis, cela est tout à fait gérable. Il doit y avoir une mise en oeuvre graduelle qui va permettre d'absorber l'augmentation du quota. Aussi, nous sommes bien avisés de demander au gouvernement du Canada des mesures de compensation s'il y a des effets qui sont plus importants que ce qui avait été prévu», a-t-il dit.

Les producteurs laitiers indemnisés

Le gouvernement Harper n'abandonnera pas à leur sort les producteurs laitiers du Québec, a certifié hier le ministre des Affaires intergouvernementales, Denis Lebel.

Ces producteurs, tout comme ceux du reste du Canada, auront éventuellement droit à une forme de compensation de la part d'Ottawa, si cela est nécessaire, afin d'assurer une transition en douceur vers une hausse des importations de fromages de l'Europe, a indiqué à La Presse le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec.

M. Lebel a soutenu que l'accord donnera un nouvel élan de confiance aux entreprises et aux investisseurs, et que ses retombées économiques profiteront à toutes les régions du pays.