Le potentiel économique du Nord ne doit pas être miné par les défis de ce territoire éloigné et par moment austère. La firme Deloitte souhaite que le milieu des affaires ait en mains tout ce qu'il faut pour saisir les occasions qui dorment au-delà du 49e parallèle.

Malgré des sources d'investissements nombreuses dans la zone nordique, des acteurs clés résistent toujours à l'appel du Nord.

Deloitte explique ce phénomène par le contexte d'affaires particulier de la région, les risques qui y sont associés et la complexité du site.

La firme a ciblé dix enjeux auxquels sont confrontées les entreprises qui font le choix de s'implanter dans le Nord du Québec. Ces défis ont été regroupés dans un guide nommé «Équation Nord».

On y retrouve entre autres des informations sur l'énergie, les mines et le droit autochtone. Le Nord fait aussi face à des infrastructures encore à bâtir et une pénurie de main-d'oeuvre.

Michel K. Landry, associé conseils financiers et leader national de l'initiative Équation Nord chez Deloitte, suggère qu'un projet dans le Nord du Québec doit être considéré d'une manière comparable à un projet mené dans un pays émergent.

«La nature particulière des affaires dans le Nord du Québec tient à la géographie inhabituelle, le froid et les conditions de travail plus arides. Les entreprises qui développent des affaires et s'y implantent font face à de réels enjeux», a expliqué M. Landry.

L'objectif d'Équation Nord consiste à informer les investisseurs sur les défis qui les guettent. Des pistes de solutions sont aussi avancées pour les aider à mettre en place leurs projets.

Ces cibles et ces conseils ont été tirés de différents témoignages, récoltés par Deloitte, auprès de personnalités des affaires qui ont, du moins en partie, fait leur propre conquête du Nord. On y retrouve notamment Bryan Coates, chef de la direction financière d'Osisko, et André Gaumond, président de Mines Virginia. Deloitte a aussi puisé dans ses propres expertises pour bonifier son analyse.

«On voulait permettre aux entreprises de franchir au moins un premier pas, a dit M. Landry. Notre objectif n'est pas de mettre de l'ordre (dans le développement du Nord), mais plutôt de répondre au désir d'un investisseur qui désire investir dans le Nord et qui souhaite savoir comment s'y prendre.»

Aussi, si le milieu des affaires est appelé à faire preuve de leadership et rechercher des capitaux étrangers, la firme Deloitte n'écarte pas une part de responsabilité de l'État. Avec plusieurs chantiers en attente, le partage du financement du développement des infrastructures constitue un facteur clé.

«Évidemment les sociétés minières seront les principales utilisatrices des infrastructures, que ce soient les rails ou les aéroports, mais plusieurs entreprises de transport aussi en bénéficieront. Cela ne peut se faire sans que le gouvernement ne s'implique d'une quelconque façon», insiste M. Landry.

Le rapport de Deloitte précise par ailleurs que «le Québec ne peut être compétitif en l'absence d'une approche concertée d'aménagement du territoire en matière de distribution d'énergie et d'infrastructures».

Cela dit, les cercles économiques ne peuvent se permettre l'immobilisme en attendant une action du gouvernement.

«Le gouvernement doit établir les priorités et aller de l'avant, mais il doit y avoir aussi une concertation de la part des futurs utilisateurs. C'est un passage obligé que de concerter tout ce monde-là», ajoute encore M. Landry.