D'avril à juin, le déficit budgétaire du gouvernement québécois atteint 1,79 milliard, soit 272 millions de plus que pour la période correspondante l'an dernier.

Il s'agit d'une nette détérioration: l'an dernier, un déficit de 1,5 milliard était prévu pour l'ensemble de l'exercice plutôt qu'un retour à l'équilibre.

N'eût été de transferts fédéraux plus importants, le déficit serait plus prononcé encore. Pour avril et mai, le déficit s'élevait à 1,2 milliard, soit le même que l'an dernier.

Voilà de quoi animer des séances houleuses à l'Assemblée nationale, la semaine prochaine Les députés ne manqueront pas de matière après l'annonce jeudi d'une décroissance annualisée de 2,9 % de l'économie au printemps, alors que l'expansion canadienne a atteint 1,7 %.

Or, les finances d'Ottawa se sont détériorées en juillet. Le déficit de 2 milliards est supérieur de 600 millions à celui de juillet 2012. Les perspectives d'un redressement des finances québécoises s'en trouvent assombries.

Le Rapport mensuel des opérations financières de Québec, publié hier après-midi, fait ressortir que les revenus autonomes, c'est-à-dire ceux que Québec perçoit directement, sont inférieurs de 46 millions à ceux de l'an passé. Et ce, malgré la création d'un nouveau taux d'imposition pour les revenus de plus de 100 000 $ des particuliers et malgré des recettes anticipées de 2,7 % provenant de la hausse des cotisations au Fonds des services de santé.

Le plan budgétaire du ministre des Finances, Nicolas Marceau, présenté au printemps table sur une augmentation de 5,2 % des revenus autonomes pour atteindre l'équilibre budgétaire durant l'exercice 2013-2014.

Le creusement du déficit résulte de la combinaison funeste de revenus autonomes en baisse et de dépenses plus fortes que projeté.

L'impôt sur le revenu des particuliers a rapporté 68 millions de moins, d'avril à juin. La grève de deux semaines des travailleurs de la construction a fait mal puisque la seule baisse de juin est de 205 millions. Ces deux semaines perdues ne se rattrapent pas.

Curieusement, cette grève n'aura pas ralenti la consommation. Les recettes provenant de la taxe de vente ont bondi de 178 millions, alors qu'elles avaient reculé en avril et mai.

L'impôt sur le revenu des sociétés était stable en juin, après un repli en avril et mai.

Au total, les revenus autonomes du gouvernement ont diminué de 3,3 % en juin et sont en repli marginal de 0,3 % après 3 mois.

Ce qui inquiète néanmoins, c'est que le gouvernement mise sur un bond de 5,2 % à ce chapitre pour équilibrer son budget.

Il mise aussi sur une augmentation de 4,6 % des transferts fédéraux. Ceux-ci ont bondi de 9,9 % jusqu'à présent, une situation appelée à se corriger au cours des prochains mois, toutefois.

Du côté des dépenses de programmes, l'augmentation atteint 2,9 %, alors que le budget mise sur 1,9 %. Des dépassements sont observés en santé et services sociaux (3,0 %) et en éducation et culture (3,3 %). Le communiqué du ministère des Finances souligne qu'il est normal que ce type de dépenses augmente plus rapidement en début d'exercice.

Fait curieux, les dépenses sont en baisse de 1,3 % pour la gouverne et la justice.

Seul point quelque peu encourageant au tableau, le service de la dette augmente de 5,1 %, alors qu'une hausse de 8,9 % est prévue pour l'ensemble de l'exercice.