Après avoir lancé une croisade pour obtenir le droit de vendre de l'alcool dans ses dépanneurs Mac's en Ontario, le président d'Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, critique sans nuance la présence de l'État québécois dans le commerce du vin et de l'alcool.

«Ça n'a pas de bon sens qu'un gouvernement soit dans le commerce de détail, a-t-il lancé. C'est absolument ridicule. Les profits que vous voyez de la SAQ, ce sont des taxes, pas des vrais profits», a-t-il ajouté. Sa société n'a toutefois pas l'intention d'embaucher un lobbyiste au Québec pour faire entendre son point de vue, comme il l'a fait en Ontario.

M. Bouchard a fait cette déclaration au cours de la conférence de presse qui a suivi l'assemblée annuelle des actionnaires de la chaîne de dépanneurs Couche-Tard, dans un hôtel lavallois hier après-midi.

Depuis août, Couche-Tard offre à sa clientèle des vins de l'importateur Julia Wine dont les bouteilles se vendent entre 13$ et 70$ dans 180 de ses établissements de l'est du Québec.

Cet appui sans équivoque en faveur d'une libéralisation accrue de la vente d'alcool survient au moment où les ventes de vin à la Société des alcools du Québec (SAQ) ont commencé à diminuer en volume, après des années de croissance.

Depuis trois ans, la SAQ a mis sur pied un programme de «montée en gamme» visant à offrir des bouteilles à des prix plus élevés. Une bouteille de vin s'y vend maintenant en moyenne 15,86$.

En outre, à une question portant sur l'actualité économique, Alain Bouchard s'est dit en faveur de l'octroi de nouveaux pouvoirs au conseil d'administration pour mieux défendre l'intérêt des actionnaires en cas d'offre publique d'achat hostile. «Présentement, on est en culottes courtes avec nos droits. On n'a aucun moyen de défense. Ça n'a aucun bon sens», a-t-il dit.

Produits frais et essence performante

Au dire de M. Bouchard, Couche-Tard a connu une année extraordinaire avec des ventes de 35,5 milliards US et des profits de 572,8 millions US en forte hausse, à la suite de l'acquisition des 2300 dépanneurs de Statoil en Scandinavie et en Europe de l'Est.

«Extraordinaire, une très grande année, vraiment excitante. Je suis tellement content de cette année, non seulement pour les bénéfices qui sont assez éloquents, mais aussi pour l'intégration de Statoil», a dit M. Bouchard en réponse à une question des journalistes.

L'intégration se poursuit bien. Les Nord-Américains apprennent du savoir-faire européen en produits frais et prêts à manger, tandis que les Européens font leurs classes au chapitre de la commercialisation au contact des Nord-Américains.

Au Québec, l'espace consacré aux produits frais et prêts à manger passera progressivement de 25% à plus de 40% de la superficie des dépanneurs à partir de 2014, sous l'influence des bons résultats obtenus par les dépanneurs Statoil avec cette catégorie de produits.

M. Bouchard aimerait aussi introduire en Amérique du Nord après 2014 son essence de marque Miles, un carburant breveté qui est plus propre et plus efficace qu'un carburant commun et qui permet d'accroître de 2 à 3% la distance parcourue par l'automobiliste.

«On va commencer à couvrir l'Europe dans les pays qui ne pas couverts présentement en 2014. Ensuite, on verra pour la suite de nos opérations», a expliqué le président et chef de la direction.

Appui à la liberté d'association

La question de la campagne de syndicalisation par la CSN des dépanneurs Couche-Tard au Québec n'a pu être passée sous silence à l'assemblée annuelle. Une proposition d'actionnaire demandait au conseil d'administration de réaliser et de rendre disponible une étude sur les coûts et bénéfices potentiels de la syndicalisation.

La proposition était présentée par le Fonds Basile-Moreau et appuyée par le Fonds Guyard Éthique par l'entremise du Regroupement pour la responsabilité sociale des entreprises. La proposition a été battue à 96% des voix. Fidèle à son habitude, la direction de la société n'a pas commenté le dossier.