Lorsqu'elle posera la première pierre de sa nouvelle usine à Mirabel, demain, Aerolia aura déjà en tête la perspective d'une expansion.

Aerolia s'installe à Mirabel pour y assembler le fuselage central de deux nouveaux biréacteurs d'affaires de Bombardier, le Global 7000 et le Global 8000.

Les yeux grands ouverts

Toutefois, la filiale du géant européen EADS cherche déjà à obtenir de nouveaux mandats de la part de Bombardier, et lorgne du côté de Bell Helicopter et de grands manufacturiers américains comme Gulfstream et Boeing.

«La priorité numéro un, c'est le Global 7000 et 8000, a déclaré le chef de la direction d'Aerolia, Christian Cornille, dans une entrevue avec La Presse Affaires hier. Nous voulons absolument réussir cette première expérience de diversification significative au-delà de l'univers Airbus. Mais après, nous sommes venus sur le continent nord-américain pour gagner des parts de marché avec l'ensemble des clients présents sur le continent.»

Il a indiqué qu'Aerolia regardera d'abord du côté de Bombardier. «Nous sommes sur les terres de Bombardier, a-t-il lancé. C'est normal de vouloir en faire un client privilégié.»

Il a notamment fait valoir qu'avec l'entrée en production de la CSeries à Mirabel, Bombardier pourrait être tentée de faire effectuer par un tiers des tâches qu'elle réalise présentement à l'interne.

En raison de la proximité, Aerolia s'intéresse également à Bell Helicopter, mais elle n'exclut pas l'idée de desservir des grands manufacturiers américains, comme Gulfstream et Boeing, à partir du Canada.

«Mais la cible prioritaire, ce sont les donneurs d'ordres positionnés ici au Québec», a déclaré M. Cornille.

De 150 à 160 employés

La nouvelle usine de Mirabel, qui aura bénéficié d'une aide financière de 15 millions de la part du gouvernement québécois, devrait être prête pour janvier. À terme, elle devrait abriter de 150 à 160 employés. Mais la direction a noté qu'il y avait place pour de l'expansion.

L'entreprise a déjà conclu des ententes avec l'École nationale d'aérotechnique, au collégial, et l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal, au secondaire, pour la formation de techniciens et d'ouvriers.

La chef de la direction d'Aerolia Canada, Marie-Agnès Veve, a noté que l'entreprise mettra également l'accent sur des activités de recherche et développement, notamment de concert avec le Conseil national de recherche du Canada. Aerolia se targue déjà d'offrir «le meilleur du composite et du métallique», ayant investi dans les deux technologies.

Mme Veve a également indiqué qu'Aerolia cherchera à mettre au point une chaîne d'approvisionnement du côté américain et de bénéficier de coûts d'exploitation en dollars américains.

«Il s'agira aussi de désengorger la chaîne d'approvisionnement européenne», a-t-elle noté.

Départ de la chef de la direction

Après deux ans au Canada, Mme Veve est sur le point de quitter le pays pour accomplir un nouveau mandat chez un autre membre de la famille EADS, Eurocopter.

«C'est un peu difficile de laisser le bébé au bord du chemin, a-t-elle laissé tomber. Nous avons mis en place une belle équipe.»

Ce départ permettra toutefois à Aerolia de donner dès maintenant une touche québécoise à son équipe de direction locale avec la nomination de Marc Bourret, ancien dirigeant de Bell Helicopter Textron Canada, au poste de chef de la direction d'Aerolia Canada.

«C'était l'occasion de mettre en place une direction québécoise, qui connaît le terreau social, politique et industriel», a déclaré Christian Cornille.