Les Québécois sont inquiets pour leur retraite, et les jeunes sont si désavantagés par rapport aux plus vieux qu'on craint une crise fiscale. Une situation qui incite deux citoyens sur trois à se dire favorables à la mise en place d'une épargne personnelle obligatoire, comme le propose l'ex-ministre libéral Claude Castonguay. C'est ce qui ressort d'un sondage CROP commandé par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, que La Presse a obtenu. Voici les résultats.

> 58%

C'est le pourcentage de Québécois qui doutent que les régimes de retraite publics puissent assurer leurs beaux jours. «La confiance est plus basse que j'aurais pensé. On sent que la confiance dans les régimes publics s'effrite», commente Christian Bélair, du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec. Pour le régime lié au travail, seul un Québécois sur cinq bénéficie d'un régime à prestations déterminées (PD), qui garantit la rente versée. Un Québécois sur cinq a un régime à cotisations déterminées (CD), moins avantageux. La majorité ne peut compter que sur le régime public de la Régie des rentes du Québec (RRQ). Et pour l'épargne personnelle, selon les chiffres de 2006, moins d'un Québécois sur 10 a des revenus de REER à sa retraite.

> 76%

D'ici 30 ou 40 ans, les jeunes bénéficieront-ils des mêmes conditions offertes à l'heure actuelle aux retraités par les régimes publics? Trois Québécois sur quatre en doutent. À cause de leurs importants déficits, les employeurs sont moins intéressés à offrir des régimes à PD. Et parmi ceux qui en offrent encore, certains adoptent des clauses de disparité («clauses orphelin») et proposent un régime à CD à leurs nouveaux employés. «On a vu cela apparaître aussi dans le public, par exemple dans certaines universités. On n'a pas de compilation de tous ces cas, mais on sait que le phénomène augmente», précise M. Bélair.

> 74%

Une crise fiscale entre jeunes et retraités couve avec l'état actuel des régimes de retraite, croient 74% des sondés. Leurs problèmes nuisent à la compétitivité des entreprises et risquent d'avoir un impact sur les conditions de travail ou sur le nombre d'emplois disponibles, avance M. Bélair. «Les jeunes sont pénalisés deux fois», dit-il. En outre, les régimes sont déjà sous-capitalisés, et le ratio de retraités par cotisant augmentera rapidement. Cela explique, selon lui, le pessimisme des sondés.

> 64%

Lueur d'optimisme. Selon 64% des répondants, le gouvernement du Québec devrait instaurer une épargne personnelle obligatoire en prévision de la retraite. L'idée a entre autres été proposée par l'ex-ministre libéral Claude Castonguay à la suite du rapport D'Amours. On aurait le droit de s'en retirer sur demande. Elle serait plus facile et moins coûteuse que la rente de longévité, a-t-il plaidé. «Je ne m'attendais pas à ce que cette proposition reçoive un tel appui, dit M. Bélair. Ça démontre la préoccupation pour la retraite.» Elle ne viendrait pas avec une nouvelle taxe sur la masse salariale, ce qui plaît au lobby de la relève du milieu d'affaires.

> 67%

La majorité des personnes consultées étaient en accord avec les modalités de la suggestion précédente, soit que «le taux de cotisation devrait être d'au moins 3% du salaire brut». Cependant, afin de faciliter l'introduction du régime, «le taux de cotisation pourrait être de 1% la première année, de 2% la deuxième et atteindre le niveau permanent de 3% à compter de la troisième année».

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Méthodologie

Le sondage a été réalisé du 15 au 18 août sur l'internet auprès de 1000 répondants. L'échantillon a été pondéré en fonction de l'âge, du sexe, de la région, de la langue maternelle et du niveau de scolarité. L'échantillon n'est pas probabiliste, donc la marge d'erreur ne s'applique pas.