Même si l'un de ses ex-dirigeants a admis avoir fait partie d'un cartel et que deux autres ont été accusés de corruption municipale en mai dernier, Sintra inc. vient d'être autorisée à faire affaire avec le gouvernement provincial et les municipalités.

L'entreprise, qui fabrique de l'asphalte et construit des routes, a été inscrite sur la «liste verte» de l'Autorité des marchés financiers (AMF) à la toute fin du mois dernier, selon la porte-parole Cathy Beauséjour.

Même le nom de la filiale lavalloise de Sintra, qui aurait été directement impliquée dans le «système Vaillancourt», figure au Registre des entreprises autorisées.

L'AMF, comme à son habitude, n'a pas voulu expliquer les motifs de sa décision.

Sintra inc. n'a pas rappelé La Presse.

860 millions en travaux

En mai dernier, un ancien haut dirigeant de Sintra inc. avait admis que son employeur s'était organisé avec des collègues d'autres entreprises d'asphaltage pour se partager plusieurs milliards de dollars en contrats du ministère des Transports du Québec et de la Ville de Montréal. «La collusion représente le profit», avait alors affirmé Gilles Théberge.

M. Théberge a quitté l'entreprise après que son véhicule eut été la cible d'un attentat à l'explosif.

Entre 1997 et 2012, Sintra a été la première entreprise d'asphaltage du Québec en ce qui concerne les contrats publics, selon un document de la commission Charbonneau. Elle a effectué pour 860 millions de dollars de travaux.

Quelques semaines plus tard, deux autres ex-dirigeants de l'entreprise ont été épinglés par l'Unité permanente anticorruption (UPAC) en même temps que Gilles Vaillancourt.

Normand Bédard était PDG de Sintra jusqu'en 2011 et est toujours inscrit comme administrateur de la société mère de Sintra, ColasCanada. Mario Desrochers a été responsable de l'entreprise pour la région de Laval. Tous deux font face à des accusations criminelles. Les autorités croient qu'ils ont comploté avec Gilles Vaillancourt lui-même et plusieurs autres individus pour «commettre des actes de corruption dans les affaires municipales, des abus de confiance et des fraudes envers le gouvernement».