Hydro-Québec a fait savoir qu'elle avait besoin d'une augmentation des tarifs d'électricité d'au moins 3,4% à compter du 1er avril 2014.

On s'attendait à une hausse costaude des tarifs d'électricité, et elle l'est. Hydro-Québec a fait savoir hier qu'elle veut augmenter ses tarifs de 3,4% à compter du 1er avril 2014, mais la hausse qu'elle réclame est en réalité d'au moins 5,4%.

En plus de l'augmentation annuelle de ses tarifs, la société d'État a réclamé à la Régie de l'énergie une hausse de son taux de rendement. Cela ajoutera de 2 à 2,25% à l'augmentation de tarifs prévue pour 2014.

Cette façon de dissocier les deux requêtes soumises à la Régie est de la désinformation, estime le porte-parole de l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité, Luc Boulanger. «Hydro manipule l'information, a-t-il déploré. Avant, toutes les demandes en cours devant la Régie étaient intégrées dans la demande tarifaire.»

La plus grande part de la hausse demandée s'explique par l'achat d'énergie éolienne à coût très élevé. En dépit des surplus actuels d'Hydro, le gouvernement a donné récemment son aval pour l'achat de 800 mégawatts supplémentaires d'énergie éolienne.

Les gros consommateurs d'électricité s'attendaient à une augmentation salée des tarifs d'électricité pour 2014. Ils avaient calculé qu'elle serait de l'ordre de 6,2%.

En fait, Hydro est plus gourmande encore. C'est à 6,9% que la société d'État évalue la hausse de tarifs minimale dont elle a besoin en 2014, mais elle promet de réduire ses dépenses de 160 millions, ce qui réduit la hausse de 1,5%, à 5,4%.

Trois fois le taux d'inflation

Une telle augmentation, équivalant à plus de trois fois le taux d'inflation [actuellement de 1,6<saxo:ch value="226 128 137"/>% selon Hydro-Québec], risque de choquer les consommateurs québécois qui ont pris l'habitude de hausses modestes et même de baisses de tarifs au cours des dernières années.

Si elle est acceptée, l'augmentation des tarifs et du taux de rendement permettra à Hydro de verser un plus gros dividende à un gouvernement avide de revenus supplémentaires. Le gouvernement Marois avait vertement critiqué la décision du gouvernement Charest d'accroître les revenus qu'il tire d'Hydro-Québec en augmentant le prix du bloc patrimonial. Le gouvernement actuel fait pourtant la même chose en demandant à Hydro d'augmenter à la fois ses tarifs et son taux de rendement.

Ce taux de rendement, actuellement de 6,3%, passera à 9,2% si la Régie accepte la demande d'Hydro. Selon la société d'État, le taux réclamé n'est pas exagéré, parce qu'il correspond à celui des autres entreprises du même genre au Canada et ailleurs en Amérique du Nord.

L'an dernier, après le premier budget du gouvernement Marois, Hydro s'était présentée devant la Régie avec une demande de hausse de tarif majorée de 2,9 à 3,3%. La Régie avait accordé une augmentation de seulement 2,4%.

___________________________________________

Les plus récentes hausses (baisses) accordées à Hydro

> 2008: 2,9%

> 2009: 1,2%

> 2010: 0,4%

> 2011: - 0,4%

> 2012: - 0,45%

> 2013: 2,4%

Source: Hydro-Québec