Le Musi-Café, un Dollarama, des bureaux de professionnels, un cabinet d'optométristes, une bibliothèque, des parcs, un système d'égouts désuet, des maisons totalement rasées... L'ampleur de la catastrophe de Lac-Mégantic, le week-end dernier, fait provisoirement croire à des millions de dollars en réclamations.

La singularité du sinistre rend-elle le processus d'indemnisations plus compliqué? Les assureurs et réassureurs pourraient-ils se défiler d'une quelconque façon, vu l'immensité de la situation? Qui assurera qui à la suite de cette tragédie ferroviaire?

Les propriétaires de maisons et commerçants de Lac-Mégantic ne devraient pas attendre indéfiniment leurs indemnités, estime le Bureau des assureurs du Canada. »Les assureurs ne peuvent se défiler, assure Line Crevier, responsable des affaires techniques et du Centre d'information sur les assurances du BAC. Ils vont honorer leurs contrats.

« On a parlé à plusieurs [dimanche] après-midi et ça semble clair pour tout le monde: on parle d'une explosion et d'un incendie, ajoute Mme Crevier. La cause du sinistre est assez évidente. Il n'y a pas d'équivoque. Donc, c'est un risque couvert. Si le dommage est subi et accidentel, ça fait appel à la couverture bâtiment et contenu. »

« Quand ce n'est pas un feu criminel, c'est un péril assuré, et l'assureur doit ainsi régler les réclamations comme il se doit", poursuit Daniel Binette, vice-président, exploitation, Québec et Maritimes, de BFL Canada, le courtier pour la municipalité de Lac-Mégantic.

D'ici quelques semaines? »Pour les frais de relocalisation, d'urgence et de subsistance, ce doit être assez rapide", soutient M. Binette.

Mais il faudra être patient pour certains cas. »Tout dépend de l'ampleur des dommages, explique Line Crevier. Le fait qu'on doive verser des indemnités à la succession, par exemple. Dans de tels cas, l'assureur doit trouver la bonne personne à qui verser l'indemnité. »

Cela dit, au Québec, les assureurs se sont retrouvés face à une situation plus grande et plus complexe... »Lors de la crise du verglas [en 1998], il y avait plus de sinistrés, et le territoire touché était plus étendu, se rappelle Mme Crevier. Cette fois, c'est circonscrit. Mais c'est la dimension humaine qui amplifie le drame. »

Et cette fois, on ne parle pas d'"act of God". »La particularité du sinistre de Lac-Mégantic, c'est le droit de subrogation des assureurs, explique Daniel Binette. Soit le droit d'aller recouvrir les montants versés par les assureurs, car il y a possiblement eu négligence de la part d'une entreprise, il y a potentiellement un responsable, donc une possibilité de recours en justice. »

« Par exemple, une entreprise, telle Dollarama, est assurée pour le bâtiment, ses stocks et sa perte de profits, affirme Alain David, vice-président de la firme de juricomptabilité Accuracy. Son assureur va aller en subrogation vers la Montreal, Maine&Atlantic Railway [MMA], si c'est la responsable, qui est assurée en responsabilité civile. L'assureur de la MMA sera redevable à l'assureur qui aura déjà indemnisé le commerçant. »

C'est donc pour l'assureur des propriétaires de maisons et des commerces que le délai avant d'être remboursé sera long. »Car on doit attendre les enquêtes", mentionne Line Crevier.

« Et déterminer qui va être responsable sera très long", dit Daniel Binette.