L'industrie du bingo décline en Amérique du Nord; le Québec ne fait pas exception. Pour renouveler sa clientèle qui prend de l'âge, l'industrie du bingo mise sur un «deux pour un» nouveau genre.

Les exploitants de salles de bingo sont invités à diviser leur local en deux aires de jeu distinctes : une pour les traditionalistes et une autre, plus moderne, destinée aux nouveaux adeptes.

«Le gros défi, c'est de faire cohabiter la clientèle actuelle, qui a beaucoup d'aversion au changement, avec une future clientèle», explique François-Patrick Allard, directeur général de la Société des bingos du Québec (SBQ), la filiale de Loto-Québec qui commercialise le bingo en réseau et le Kinzo.

M. Allard a terminé une tournée provinciale hier, à Montréal, où il a expliqué les axes de croissance retenus à plus de 280 représentants d'organismes sans but lucratif (OSBL) et plusieurs gestionnaires de salles de bingo.

Dans l'aire de jeu destinée aux nouveaux joueurs, le décor sera au goût du jour, les horaires de jeux seront plus flexibles, et le recours à la technologie sera plus poussé. À titre d'exemple, un écran tactile remplacerait ainsi les cartes de bingo en papier.

Pour parvenir à une cohabitation harmonieuse entre ces deux types de clientèle aux antipodes, la salle de bingo serait divisée en deux. Par exemple, 25 % de la superficie serait aménagée pour servir une clientèle plus jeune. Les deux aires de jeu seraient séparées par un mur vitré. Les joueurs peuvent ainsi se voir et jouer sur le même jeu, chacun dans leur monde.

Ces dispositions seront mises en oeuvre progressivement dans les deux prochaines années par les exploitants de salles qui voudront bien investir les sommes nécessaires.

Ce choix stratégique des aires dédiées a été retenu pour ne pas effaroucher la clientèle habituelle qui continue de chérir la formule du bingo qu'elle a toujours connue, soit des séances de trois heures dans un silence brisé uniquement par le roulement des tampons d'encre sur les cartes de bingo. Cette clientèle, à 87 % féminine, a 60 ans en moyenne.

«La seule option qu'on n'a pas, c'est le statu quo», a martelé M. Allard tout au long de sa tournée provinciale.

Au Québec, l'industrie du bingo est formée par les OSBL, qui détiennent les licences, les exploitants de salles, qui louent leur local aux détenteurs de licence, et la filiale de Loto-Québec, qui gère le bingo en réseau et le jeu Kinzo. OSBL et exploitants de salles sont réunis au sein du Secrétariat du bingo, organisme-conseil du gouvernement du Québec, qui a participé à la tournée provinciale de la SBQ.