Le règne de la famille Sauriol vient de prendre fin au sein de la firme de génie-conseil Dessau. Après le départ de Rosaire Sauriol en mars dernier, le président de l'entreprise, Jean-Pierre Sauriol, a remis sa démission hier.

La décision de M. Sauriol était devenue inévitable à la suite des échanges avec l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour obtenir la certification nécessaire pour avoir le droit de participer à des appels d'offres pour des contrats publics de 40 millions et plus. «Il m'est apparu très clairement que Dessau n'obtiendrait pas cette attestation si je restais à la tête de l'entreprise. Je prends cette décision dans ce que je considère être les meilleurs intérêts de Dessau et de ses 5000 employés», a déclaré le président sortant dans un communiqué de presse, en fin de journée.

En vertu de la loi 1 sur l'intégrité en matière de contrats publics, la probité des entreprises, de leurs dirigeants, actionnaires et administrateurs est passée au peigne fin par l'AMF en collaboration avec l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Or, l'implication des deux frères Sauriol dans les décisions de Dessau de participer à un cartel pour éliminer la concurrence et fixer les prix ou la simple connaissance qu'ils en avaient fermaient vraisemblablement le marché à l'entreprise.

Lors de son témoignage devant la commission Charbonneau, en mars dernier, Rosaire Sauriol avait admis que sa firme avait fait de la collusion à Montréal. M. Sauriol avait également indiqué que Dessau avait fait de la fausse facturation pour deux millions afin de financer les partis politiques. Dessau a ainsi participé au financement occulte du Parti libéral du Québec ainsi que du Parti québécois, à hauteur d'un million, entre 1998 et 2010.

Rosaire Sauriol avait reconnu son rôle actif mais il avait également indiqué que son frère Jean-Pierre était au courant de toute l'affaire. Immédiatement après son passage à la commission Charbonneau, Rosaire Sauriol avait démissionné de son poste de vice-président et vendu ses actions.

À l'interne, le départ du président était l'étape suivante pour que Dessau puisse reprendre son élan. «C'était une question de vie ou de mort [de l'entreprise]», a-t-on expliqué à La Presse. Dessau compte quelque 5000 employés dont 425 d'entre eux sont actionnaires de l'entreprise. À eux deux, Jean-Pierre et Rosaire Sauriol contrôlaient plus de 50% des actions de Dessau.

Le conseil d'administration a accepté la démission de M. Sauriol qui a été remplacé par le vice-président aux projets de construction, Marc Verreault.

C'est en 1957 que Paul-Aimé Sauriol et Jean-Paul Desjardins ont fondé la firme Desjardins Sauriol qui deviendra par la suite Dessau. Lors de son 50e anniversaire, en 2009, le monde politique avait souligné l'immense contribution de Dessau à l'essor économique du Québec; Jean Charest, Gilles Vaillancourt et Gérald Tremblay étaient présents.