Ottawa et Québec se serviront de tous les forums internationaux à leur disposition, notamment la Francophonie, pour défendre le maintien à Montréal du siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), que le Qatar souhaite déplacer à Doha.

«Nous avons un consensus comme il s'en fait rarement», a déclaré hier en conférence de presse à l'hôtel de ville de Montréal le ministre québécois des Relations internationales, Jean-François Lisée, accompagné du ministre fédéral des Affaires étrangères, John Baird, et du maire Michael Applebaum.

Ces derniers jours, les deux ministres ont multiplié les contacts avec des diplomates étrangers dans le but de convaincre le plus grand nombre de pays possible de voter contre la proposition du Qatar, déposée au début de la semaine dernière.

« De bons signaux »

«Nous avons déjà de très bons signaux qui nous confortent dans notre confiance, mais qui nous motivent également à continuer», a noté M. Lisée.

Le Parti québécois critique régulièrement la politique étrangère du gouvernement conservateur, notamment son soutien indéfectible à Israël, qui déplaît à certains pays arabes. Mais hier, le ministre Lisée a préféré taire ses divergences avec Ottawa.

«L'important pour nous, ce n'est pas d'avoir un débat de politique internationale avec le Canada, c'est de montrer un front uni pour garder l'OACI ici», a-t-il dit.

MM. Baird et Lisée ont assuré hier qu'aucun pays n'avait jusqu'ici soulevé les prises de position d'Ottawa pour remettre en question la présence de l'OACI à Montréal.

Dans l'espoir de rallier une partie du monde arabe à leur cause, Ottawa et Québec miseront notamment sur la Francophonie, ont indiqué les ministres. Plusieurs pays arabes, dont l'Égypte, le Maroc, la Tunisie et le Liban, sont membres de cette organisation, alors que les Émirats arabes unis y sont observateurs.

Offre bonifiée

Avant le dépôt inattendu de l'offre du Qatar, le Canada et l'OACI s'étaient déjà entendus pour renouveler l'accord de siège jusqu'en 2036.

Le projet d'entente, que La Presse Affaires a obtenu, prévoit qu'à partir de 2016, l'OACI n'assumera plus que 20% des coûts d'exploitation et d'entretien de l'édifice de la rue University, contre 25% actuellement. Ottawa déboursera le reste. Rappelons que le Qatar offre d'assumer 100% de ces dépenses.

Le gouvernement fédéral s'engage aussi à verser 7 millions à l'OACI, entre 2017 et 2022, pour le réaménagement de ses locaux.

L'accord avec l'OACI coûtera environ 80 millions sur 20 ans à Ottawa, a précisé John Baird hier. Celui-ci s'est par ailleurs montré disposé à faciliter le traitement des demandes de visa présentées par les pays qui veulent envoyer des participants à des événements organisés par l'OACI.

«S'il y a des problèmes, nous sommes prêts à faire ce qu'il faut pour les résoudre, même s'il y a des limites à ce qu'on peut faire, comme le climat, a affirmé le ministre. Pour ma part, je préfère de loin avoir quatre saisons plutôt que d'endurer une température accablante de plus de 40 degrés, douze mois par année.»

De son côté, Jean-François Lisée a promis de régler d'autres «irritants» soulevés par certaines délégations, notamment la question des droits de scolarité pour les enfants de diplomates âgés de plus de 25 ans.