Lentement mais sûrement, la Société des alcools du Québec (SAQ) élabore son programme de fidélisation en se donnant pour objectif de le lancer dès 2015.

«On s'est rendu compte avec nos sondages que près de 90% de nos clients sont intéressés par ce type de programme-là», a affirmé hier Renaud Dugas, porte-parole de la société d'État, au cours d'un entretien téléphonique.

Protéger les informations

«Ce n'est pas un programme de fidélité, c'est vraiment un programme de relation avec les clients, a-t-il précisé. C'est une façon d'entrer en contact avec le client. C'est du marketing relationnel, c'est plus personnalisé. C'est vraiment axé sur la découverte de nouveaux produits.»

Même si elle en est encore à l'étape de la planification, la SAQ a déjà établi quelques principes de base pour son futur programme. Par exemple, elle tient à être propriétaire de celui-ci. L'équivalent ontarien de la SAQ, la LCBO, a choisi une autre voie en offrant le programme multi-commerçants Air Miles.

Selon la SAQ, mettre sur pied un programme maison permettra de mieux protéger les informations qui seront recueillies auprès des clients. Air Miles partage certaines données de ses abonnés avec les dizaines de partenaires du programme.

La SAQ entend donc imiter la chaîne de supermarchés Metro, qui a lancé son propre programme, Metro&moi, en 2010.

La stratégie a connu beaucoup de succès: plus de 1,25 million de personnes en sont actuellement membres.

Pas de vin gratuit

La SAQ n'a pas encore décidé quel type de récompenses elle offrira aux clients qui accumuleront des points dans le cadre de son programme.

Hier, M. Dugas a évoqué des tirages de cours sur les vins et de voyages vinicoles.

Louis Fabien, professeur de marketing à HEC Montréal, croit toutefois que la SAQ devrait opter pour des cadeaux plus accessibles comme des rabais sur achats.

«Pour les clients aux budgets plus restreints, une économie de 2$, c'est toujours bienvenu», a-t-il indiqué.

Par contre, la SAQ ne pourra probablement pas aller jusqu'à offrir des bouteilles gratuites en raison des interdictions prévues à cet égard dans la législation, a noté M. Fabien.

Le spécialiste voit d'un bon oeil la création d'une carte de fidélisation par la SAQ, en prenant toutefois la peine de préciser que dans le cas d'un quasi-monopole, la fidélité est inévitablement «forcée».

Améliorer la base clients

D'après lui, le programme permettra au détaillant d'améliorer considérablement la connaissance qu'il a des habitudes de consommation de ses différents segments de clientèle.

«À l'heure actuelle, la seule base de données clients qu'ils ont, c'est celle des abonnés du Courrier vinicole, qui rejoint une clientèle très exclusive», a souligné Louis Fabien.

S'il fonctionne bien, le programme pourrait permettre à la SAQ d'améliorer son offre en magasin.

«Ça va peut-être leur permettre d'élaguer certaines catégories de produits et ainsi de réduire leurs coûts d'entreposage», a relevé M. Fabien.

Les renseignements issus du programme pourraient aussi permettre à la SAQ de mieux cibler ses promotions, en recourant notamment au courriel plutôt qu'aux publicités à la télévision.

Après tout, un bon programme de fidélisation doit s'autofinancer, soit par une hausse des ventes, ce qui est toujours délicat quand il est question d'alcool, soit par une réduction des dépenses d'exploitation, a insisté Louis Fabien.