Les recommandations du rapport D'Amours devraient améliorer les revenus de retraite des Québécois, mais certains, notamment les employés du secteur public, en auront sans doute moins pour leur argent, selon des gestionnaires d'importants régimes de retraite.

«J'aime bien le principe de transférer la responsabilité de la retraite du secteur privé au secteur public, mais je trouve triste qu'on fasse le constat que les Québécois sont incapables de s'occuper eux-mêmes de leur retraite et que ce soit l'État qui doive s'en occuper, commente Michel Saint-Germain, actuaire chez Mercer. C'est troublant aussi de voir que les entreprises privées aient autant de difficulté à offrir à leurs employés des régimes de retraite viables.»

«Si les recommandations sont adoptées, les deux millions de travailleurs qui n'ont pas de régime de retraite de leur employeur vont être mieux protégés, ajoute Claude Lockhead, associé exécutif chez Aon Hewitt. Ce sera un coût additionnel pour eux et pour leur employeur, mais c'est de l'épargne qui servira à leur retraite. Un outil collectif comme celui-là est beaucoup plus productif que les outils individuels.»

Cependant, certaines mesures pourraient être compliquées à appliquer, selon Michel Saint-Germain. «La rente de longévité sera difficile à instaurer au Québec si les autres provinces canadiennes ne suivent pas, parce qu'il y a plusieurs programmes à coordonner, et plusieurs entreprises pancanadiennes vont vouloir s'assurer d'harmoniser les avantages de leurs employés.»

L'actuaire note aussi que la hausse des coûts pour les PME québécoises les empêcherait de faire une concurrence efficace à celles des autres provinces.

Hausse des cotisations dans le secteur public?

Des employés mieux protégés, donc, mais certains pourraient trouver le résultat douloureux, notamment ceux du secteur public. Comme le rapport D'Amours propose une plus grande flexibilité pour trouver des façons de réduire les coûts des régimes des employés des villes et des universités, les cotisants pourraient payer plus cher ou voir leurs prestations diminuer, note Claude Lockhead.

«On pourrait aussi négocier une augmentation de l'âge de la retraite, mettre fin à l'indexation des rentes ou réduire les versements au conjoint survivant, par exemple, dit-il. Mais on ne peut pas toucher au montant des rentes accumulées, ni à celles qui sont en cours de paiement.»