Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, présente aujourd'hui sa mise à jour économique, sorte d'exposé sur l'état des finances qui, à l'opposé d'un énoncé budgétaire, ne requiert pas un vote de confiance en Chambre, ce que le gouvernement péquiste souhaite éviter. Coup d'oeil sur les attentes du milieu des affaires et des économistes.

Des mesures pour réduire le déficit

Le ministre Marceau martèle que l'équilibre budgétaire sera atteint, mais il sera difficile d'y arriver sans procéder à des ajustements pour réduire le déficit, croit Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. «À 1507 millions [d'avril à décembre], le déficit est déjà plus important que ce qu'on avait prévu pour l'année», observe-t-il. Dans le budget qu'il a déposé en novembre dernier, Nicolas Marceau assurait que l'objectif de déficit budgétaire était établi à 1500 millions pour l'année financière 2012-2013.

Des mauvaises nouvelles

«Une mise à jour, c'est toujours un exercice de réalignement des attentes. C'est rarement pour annoncer des bonnes nouvelles», note Simon Prévost, président de Manufacturiers et exportateurs du Québec. Les revenus de la province ne sont pas aussi élevés que prévu, en raison notamment d'une baisse de la consommation qui réduit les entrées provenant des taxes de vente, observent les experts.

Une réduction des dépenses

Pas question d'augmenter les impôts, selon les experts; le gouvernement optera plutôt pour une réduction des dépenses pour renflouer les coffres. «Il y aura peut-être des décisions sur le plan des dépenses, pour les restreindre, avance Simon Prévost. Plus de la moitié du budget est consacrée à la santé et à l'éducation, et ces secteurs subissent déjà de fortes compressions.» Les solutions qui seront proposées, croit-il, prendront la forme de compressions réparties dans l'ensemble des ministères, doublées d'une réduction des dépenses fiscales et, peut-être, de crédits d'impôt. «Mais c'est difficile à dire», admet l'expert.

Pas de rajustements au budget fédéral... pour l'instant

Les changements les plus susceptibles d'avoir des impacts sur les finances québécoises dans les circonstances actuelles sont ceux proposés la semaine dernière dans le budget fédéral, analyse Benoit Durocher, économiste au Mouvement Desjardins. Si Nicolas Marceau a qualifié «d'attaque frontale» les modifications apportées au programme de formation de la main-d'oeuvre et à la fiscalité des fonds de travailleurs, il n'en subira pas les conséquences immédiatement. «Ces changements visent des ententes qui prennent fin le 31 mars 2014, a déclaré son attachée de presse mercredi. En revanche, ils auront un impact sur la préparation du prochain budget.»

Une révision des hypothèses de taux d'intérêt

«On va les réévaluer à la baisse», affirme Simon Prévost. Le ministre Marceau s'attendait à une reprise, qui n'a finalement pas eu lieu. Résultat: le gouvernement économisera sur la dette, car les taux d'intérêt seront moins élevés que prévu.

Un ton rassurant pour le marché

Avec sa mise à jour, le gouvernement veut surtout sécuriser les intervenants comme les agences de notation et les acheteurs de la dette. «Nicolas Marceau va réitérer sa politique claire d'équilibre budgétaire. C'est un exercice technique qui vise surtout les acteurs économiques», juge Simon Prévost.