Un film d'action à la Maison-Blanche. Les dernières aventures des Schtroumpfs et du personnage de science-fiction Riddick. Hollywood aime de plus en plus tourner au Québec: en 2012, les studios américains y ont dépassé le cap du quart de milliard de dollars en dépenses.

Selon le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), Hollywood a dépensé 257 millions au Québec en 2012, comparativement à 235 millions en 2011 et seulement 71 millions en 2009. Et la popularité de Montréal est encore appelée à grandir à Hollywood, à en croire le nouveau président de la Guilde des producteurs des États-Unis, Mark Gordon (Grey's Anatomy, 2012, Saving Private Ryan), un habitué des tournages à Montréal. «Je suis un grand partisan des tournages à Montréal», dit-il en entrevue à La Presse Affaires.

La preuve? Mark Gordon est en ville pour tourner l'émission pilote de la série télé Gothica pour le réseau ABC, son troisième séjour comme producteur à Montréal après les films Source Code (2011) et The Day After Tomorrow (2004). «Sur The Day After Tomorrow, on a dû dépenser 4 millions en neige! Ce fut un tournage fantastique, ce qui m'a incité à revenir», dit-il. Selon le BCTQ, le Québec est chanceux de compter sur un ambassadeur aussi bien placé à Los Angeles. «Hollywood, c'est un grand village. Quand un producteur a eu une bonne expérience dans une ville, le mot se passe vite», dit le commissaire Hans Fraikin.

Si Montréal est aussi populaire à Hollywood, c'est en raison de la qualité de ses lieux de tournage et de ses équipes techniques, mais aussi beaucoup en raison du crédit d'impôt remboursable de 44% sur les dépenses du film ou d'une série télé. «L'avantage des crédits d'impôt au Québec est énorme, dit Mark Gordon, qui donnait hier une conférence à Montréal à l'invitation du BCTQ. Je me sens coupable de faire du travail à l'extérieur des États-Unis, le pays où je vis, mais ils [les gens de l'État de la Californie] ne comprennent pas [l'aspect des crédits d'impôt].»

Depuis trois ans, Montréal affiche toutefois complet en matière de grandes superproductions hollywoodiennes comme White House Down en 2012. Soit, la Cité du cinéma compte 18 salles de tournage, mais une seule de plus de 30 000 pieds carrés nécessaires pour tourner un tel film. Le gouvernement Charest avait d'ailleurs demandé un rapport à la SODEC sur le sujet en 2012. «Je pense que ce serait possible d'avoir plus de tournages avec de nouvelles salles, mais est-ce que ça en vaudrait la peine? Pour les équipes de production, oui. Mais pour les gens qui construiraient ces salles?» dit Mark Gordon.

En 2013, le BCTQ a bon espoir de dépasser 257 millions de dollars en tournages étrangers - une somme qui équivaut à la création ou au maintien de 3984 emplois. «Avec le prochain X-Men, c'est bien parti! dit Hans Fraikin. Nous avons encore de la place pour accueillir d'autres tournages, mais surtout des productions de taille moyenne [de 20 à 60 millions] qui n'ont pas besoin des salles de tournage principales.»

Le Québec pourrait aussi attirer davantage de séries télé, même si l'argument des crédits d'impôt semble peser moins lourd dans la balance au petit écran. «En télé, certains acteurs veulent tourner à New York et Los Angeles», dit M. Gordon, qui a tourné sa célèbre série Grey's Anatomy à Los Angeles. La Colombie-Britannique reste de loin la province canadienne la plus populaire à Hollywood avec des dépenses de 1,18 milliard en 2011. Le Québec a établi son record en dépenses de films étrangers en 2003-04 avec des dépenses de 399 millions de dollars.