Le secteur de la quincaillerie au Québec est en voie de connaître une nouvelle vague de consolidation. La Coop fédérée et le Groupe BMR discutent «d'un éventuel rapprochement commercial», ont confirmé les deux groupes.

Le scénario le plus vraisemblable demeure que la Coop fédérée se porte acquéreur de BMR Le Groupe, mais aucun scénario n'est à exclure puisque les parties en présence se refusent à tout commentaire sur la nature exacte des pourparlers.

Les marchands BMR à qui nous avons parlé en savent bien peu sur le contenu des discussions, nous ont-ils assuré.

Ils nous ont toutefois confirmé que le président et chef de la direction de BMR, Yves Gagnon, a des problèmes de santé.

Au Salon des marchands du Groupe BMR, qui s'est tenu au Centre des congrès de Québec du 8 au 10 novembre 2012, il n'a pu être présent et a dû s'adresser aux marchands par vidéo, au grand désarroi de l'assistance, nous a-t-on raconté.

Sa fille, Geneviève Gagnon, de Mont-Tremblant, assure depuis quelques années la direction générale des cinq centres de rénovation BMR du Groupe Yves Gagnon.

BMR est quatre fois plus grosse qu'Unimat en termes de ventes, mais Unimat appartient à la Coop fédérée, un mastodonte ayant plus de 5 milliards de revenus annuels.

Groupe BMR dispose de 187 centres de rénovation au Québec et dans l'est du pays. Son chiffre d'affaires au détail dépasse les 1,3 milliard par année.

Le siège social est à Boucherville. Ses magasins, de 20 000 à 40 000 pieds carrés en général, sont plus vastes que ceux d'Unimat, ces derniers ayant habituellement une superficie de 1000 à 10 000 pieds carrés.

La bannière d'Unimat s'affiche sur 178 quincailleries de petite taille, principalement en région au Québec, mais aussi en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Le chiffre d'affaires au détail s'élève à 325 millions de dollars. La direction d'Unimat est située à Trois-Rivières.

Unimat a pris la place de la bannière Coop en 2009 pour des raisons de marketing.

À l'époque, la Coop fédérée voulait doubler ses parts de marché de 5 à 10% d'ici 2014. Après trois ans, la croissance a été modeste dans un contexte difficile pour l'ensemble de l'industrie de la quincaillerie.

Pas une menace pour Rona

Rona n'a pas à s'inquiéter du rapprochement entre ses deux concurrents, croit JoAnne Labrecque, professeure agrégée de HEC Montréal, spécialiste du commerce de détail.

«Ce n'est pas une grande menace, parce que ce sont deux joueurs déjà implantés dans le marché actuel. Ce n'est pas comme l'ajout d'un nouveau concurrent qui va ouvrir 50 magasins dans les 3 prochaines années», dit-elle.

Une équipe BMR-Unimat serait toutefois en mesure faire pratiquement jeu égal contre RONA dans le recrutement et la rétention de marchands indépendants.

«Je connais des marchands qui étaient Rona à la vie à la mort avant et qui sont prêts maintenant à considérer une offre que pourrait leur faire une autre bannière», dit un observateur de l'industrie qui ne veut pas être identifié.

Cette possibilité paraît bien lointaine, aux yeux de Mme Labrecque. «Un marchand Rona ne peut pas partir demain matin pour BMR. Il y a des ententes contractuelles assez serrées», indique la professeure.

Rona a connu une année tourmentée en 2012 avec le dépôt, puis le retrait, de l'offre d'achat non sollicitée en provenance du géant américain Lowe's. Le départ du PDG Robert Dutton, un homme vénéré des marchands RONA, mais beaucoup moins des actionnaires, a suivi peu après.

Forces en présence dans le secteur de la quincaillerie au Québec*



> RONA: 300

> BMR: 165

> Unimat: 150

> ACE (ex-PRO): 125

> Home Hardware: 100

> Canac: 21

> Home Depot: 17

> Patrick Morin: 16

*En fonction du nombre de points de vente