Pour lancer la fabrication de sa nouvelle bouteille d'eau filtrante, AquaOvo demande le soutien du public.
Fondée en 2008 par le designer Manuel Desrochers et sa soeur Noémie, AquaOvo a bâti sa réputation autour de son distributeur-filtreur d'eau Ovopur en forme d'oeuf.
Manuel Desrochers vient de concevoir une bouteille d'eau individuelle qui utilise un filtre similaire. Il s'agit d'aspirer par l'embout, à la manière d'une paille, pour forcer le passage de l'eau à travers une cartouche de filtration amovible.
Mais lors du lancement du produit, le 22 novembre dernier, Manuel Desrochers ne pouvait encore montrer qu'un - élégant! - prototype. Il faut encore commander les coûteux moules de production, organiser l'onéreuse mise en marché.
Plutôt que faire appel à des investisseurs externes ou se plier aux exigences d'un créancier institutionnel, AquaOvo a préféré lancer un appel à tous, sur la plateforme internet de financement populaire indiegogo.com. L'équipe d'AquaOvo, qui a tourné pour l'occasion une courte vidéo, y présente en détail son produit et les objectifs humanitaires de sa campagne.
Les consommateurs séduits par le projet peuvent acheter sur ce site le produit en prévente, avec la promesse d'en être les premiers propriétaires lorsqu'il sera en production. On y offre la bouteille Alter seule (25$), le duo bouteille et filtre Alter Ego (65$), un ensemble de trois Alter Ego (180$).
Ce concept permet de recueillir des fonds, mais également des informations précieuses. «C'est une espèce de focus group géant à l'échelle mondiale, fait valoir Manuel Desrochers. C'est une façon de valider le produit.»
AquaOvo a fixé l'objectif de sa campagne à 45 000$. «On a choisi une campagne de 50 jours, qui va se terminer le 7 janvier», précise Noémie Desrochers.
Si l'objectif est atteint, Indiegogo prélèvera alors 4% des sommes recueillies.
Si...
Car la mention suivante est inscrite sous l'invitation à contribuer: cette campagne ne touchera ses fonds que si au moins 45 000$ ont été recueillis en date du 7 janvier à 11 h 59.
Le 20 décembre, à 19 jours de l'échéance, 21 500$ sur 45 000$ avaient été recueillis. Tic tac tic tac...
Combien de temps?
Le financement populaire, parce qu'il ne fait courir qu'un risque minime au contributeur, peut jouer sur les cordes émotives, en faisant valoir des arguments auxquels le financier traditionnel sera beaucoup moins sensible. «C'est un avantage et un désavantage, observe Claude Dulude, associé chez Stratmark, firme spécialisée en consultation stratégique et management.
L'engagement du contributeur sera aussi rapide que son désengagement. Si pour une raison ou une autre il y avait déception, les portes risquent de se fermer rapidement. Le financier est peut-être plus lent à monter dans le navire, mais lorsqu'il décide d'embarquer, il sait que le voyage va durer un certain temps.»
Avec la mondialisation, l'internet et les médias sociaux, le financement populaire trace néanmoins une nouvelle voie. Un produit québécois suffisamment méritant pourrait trouver des investisseurs ou des prêteurs n'importe où sur la planète. «Et ça, c'est drôlement intéressant, affirme Claude Dulude. Ça va affecter le monopole qu'ont eu jusqu'à maintenant certaines institutions financières.»