Denis DesGroseillers, dont la famille est installée dans la région depuis 12 générations, ne voit pas des mâts et des pales quand il regarde les éoliennes qui l'entourent. «Je vois l'avenir», dit-il, debout au milieu de ses champs.

La famille DesGroseillers fait pousser des choux-fleurs et du brocoli dans cette terre riche. Elle produit aussi du blé, du maïs et du soya, exploite une érablière et s'est lancée dans la production de cidre et de vin.

C'est une grosse entreprise agricole, qui emploie jusqu'à 80 personnes l'été. Kruger Énergie a planté une éolienne sur les terres de la famille DesGroseillers. Celle-ci recevra en compensation 11 500$ par année pendant 20 ans.

Pour Denis DesGroseillers, c'est autant d'argent qui peut être réinvesti dans la ferme, sans aucun coût. «La surface qu'occupe une éolienne, quand on a 30 hectares de terres, est vraiment minime», estime-t-il.

Les quatre frères DesGroseillers, qui sont partenaires dans la ferme familiale, ont commencé par s'inquiéter lorsqu'il a été question d'implanter des éoliennes dans leur coin de pays. «On a posé beaucoup de questions», dit le jeune père de deux enfants.

Après les désagréments causés par la construction du parc éolien, la vie reprendra son cours normal à la ferme de la famille DesGroseillers. Avec un petit plus, selon Denis, qui croit au potentiel touristique des éoliennes.

De son champ, on voit le mont Royal au loin. Cette proximité de la ville, espère-t-il, amènera plus de citadins curieux de voir des éoliennes de près. Et plus d'acheteurs pour les produits de la ferme DesGroseillers.

Tout seul

Dire que le projet éolien de Saint-Rémi s'est réalisé sans opposition n'est pas tout à fait juste. Des opposants, il y en a eu, mais très peu. Yvon Potvin, de Saint-Michel-de-Napierville, s'est senti bien seul lorsque la consultation publique a eu lieu.

«J'ai essayé pendant un certain temps d'alerter la population, mais je n'ai pas réussi», dit-il.

Selon lui, le promoteur du projet a habilement mené son dossier. Et la population a estimé que les jeux étaient faits et qu'il n'était pas possible de s'opposer aux volontés du gouvernement, d'Hydro-Québec et de grandes entreprises comme Kruger.

C'est bien dommage, dit celui qui habite à côté du parc éolien de Kruger Énergie, mais qui n'a pas d'éolienne chez lui.

Yvon Potvin n'est pas contre les éoliennes. Il croit toutefois qu'elles ne sont pas à leur place en milieu habité. «Sur les meilleures terres agricoles du Québec, qui produisent 50% de tous les légumes du Québec, s'indigne-t-il. On n'est pas en Gaspésie, ici.»