Les problèmes de collusion et de corruption ont provoqué le départ du maire Gérald Tremblay, mais freineront-ils les ardeurs des investisseurs potentiels à Montréal? Non, répondent catégoriquement la chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et la Ville de Montréal. Oui, selon l'économiste Claude Montmarquette, qui craint pour la réputation internationale de Montréal à court terme.

«Les investisseurs vont être prudents, ils vont attendre que tout ça se nettoie. Les travailleurs étrangers qui veulent s'établir ici vont aussi se poser des questions. Montréal doit faire un travail majeur pour rétablir sa réputation. Au-delà des millions perdus par les contribuables, la grande perte, c'est la réputation de Montréal», dit l'économiste Claude Montmarquette, PDG du groupe de recherche CIRANO et professeur émérite à l'Université de Montréal.

D'autres crises plus graves

Pour sa part, la CCMM doute que les enjeux de collusion/corruption et le départ du maire Tremblay influencent les investisseurs qui songent à s'établir à Montréal. «Nous n'avons aucun signal que des entreprises aient annulé ou retardé des investissements à Montréal à cause d'enjeux liés à la collusion ou la corruption. Les gens n'hésitent pas seulement pour des questions de collusion/corruption. Je ne pense pas que c'est ce qui se passe dans l'esprit des gens», dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre, qui reconnaît que «la situation sera plus visible à l'international avec la démission du maire Tremblay». «Mais dans le passé, des villes comme Chicago et New York ont eu à traverser des crises beaucoup plus graves en matière de corruption», rappelle Michel Leblanc.

La Ville de Montréal ne croit pas non plus que les allégations de corruption et collusion influencent les investissements à Montréal. «Nous ne croyons pas que cela influence les investissements des entreprises d'ici ou d'ailleurs, car si un projet est jugé rentable à Montréal, les investissements devraient se faire», a indiqué le directeur général de la Ville de Montréal, Guy Hébert, par courriel à La Presse Affaires.

Sur la scène politique, l'opposition officielle à l'hôtel de ville reste prudente dans son évaluation des conséquences de la collusion et de la corruption sur les investissements à Montréal. «La croissance économique est quand même bonne, mais les enjeux de collusion et de corruption pourraient soulever des doutes pour les investisseurs, dit la conseillère municipale de Vision Montréal, Véronique Fournier. Montréal n'a pas une presse internationale très intéressante. Ça entache la réputation de Montréal.»

Selon le Mouvement Desjardins, les investissements totaux (privés et publics) augmenteront de 14,6 à 14,9 milliards à Montréal en 2012, soit une hausse de 1,9%. En 2011, les investissements à Montréal avaient augmenté de 27,6%. En guise de comparaison, les investissements dans le reste du Québec ont augmenté de 1,5% en 2011 et 6,7% en 2012. «Ça ne va pas si mal à Montréal que ce qu'on pourrait penser à priori. Il y a une remontée du secteur manufacturier et le secteur touristique consolide ses acquis», dit Joëlle Noreau, économiste au Mouvement Desjardins.

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27,6 %

HAUSSE DES INVESTISSEMENTS À MONTRÉAL EN 2011