Ouf! L'expansion québécoise s'est poursuivie faiblement au printemps, mais sans doute à un rythme insuffisant pour assurer la croissance des rentrées fiscales prévues dans le dernier budget de l'ex-ministre des Finances Raymond Bachand.

Cela vient corser la tâche du nouveau titulaire, Nicolas Marceau, qui doit trouver 1 milliard pour compenser le manque à gagner découlant de l'annulation de la taxe santé de 200$ par adulte, dès le présent exercice fiscal.

En termes réels, le produit intérieur brut (PIB) a avancé de 0,8% en rythme annuel, d'avril à juin, soit un point de pourcentage de moins que le gain canadien, selon les données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Un certain soulagement

Depuis le début de l'année, l'expansion cumulative n'est que de 0,6% comparativement à 2,1% au Canada.

Bien que peu reluisants, ces chiffres représentent néanmoins un certain soulagement. L'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a révisé à la hausse les données de la variation du PIB mesurée par industrie des mois d'avril et de mai qui faisaient état jusque-là d'une décroissance. En juin, le gain est de 0,2%, soit le même que celui de la moyenne canadienne. «Avec l'avancée de juin, l'économie revient à son sommet de décembre 2011», fait remarquer Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

«La hausse de 0,8% du PIB réel au deuxième trimestre ne permet pas à l'économie du Québec de s'extirper de la période de quasi-stagnation qui persiste depuis le printemps 2011», renchérit Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins.

Le faible gain trimestriel est surtout attribuable au bond insoutenable de 22,8% de la construction résidentielle, à l'augmentation de plus de 2 milliards de la valeur des stocks (l'augmentation la plus élevée depuis le troisième trimestre de 2010) et aux investissements des entreprises. Ces derniers ont été concentrés davantage dans la construction que dans l'achat de machines et d'équipement, lesquels ont stagné au deuxième trimestre.

Le commerce extérieur et la fabrication enregistrent des replis. Dans le cas de la fabrication, il s'agissait de la sixième baisse en huit trimestres. Cela donne à croire qu'il y aura eu déstockage au troisième trimestre.

Les dépenses personnelles des consommateurs ont progressé d'à peine 0,5% au deuxième trimestre, en rythme annuel, ce qui ne compense pas le repli du premier trimestre attribuable en bonne partie à l'augmentation d'un point de pourcentage de la taxe de vente. Mince consolation, la faible consommation a permis de porter de 1,8% à 2,3% le taux d'épargne, soit davantage que pour l'ensemble de 2011, en moyenne.

Exprimées en dollars courants, les dépenses de consommation augmentent plus vite, mais leur rythme a considérablement décéléré depuis le début de l'année.

Cela explique peut-être pourquoi les recettes fiscales du gouvernement n'ont pas suivi le rythme prévu par le ministère des Finances, en mars. Il misait alors sur un bond de 6,4% de ses revenus autonomes.

Après deux mois, le déficit de l'exercice en cours était de 320 millions de dollars plus élevé qu'après deux mois l'an dernier, en dépit de la hausse de la taxe de vente. Au ministère des Finances, on a indiqué hier que la date de publication du rapport mensuel de juin sera connue dans les prochains jours. Sans la tenue des élections, il serait déjà paru.

Comble de malchance pour Québec, les bénéfices des sociétés ont aussi reculé pour le deuxième trimestre d'affilée. Ils avaient pourtant augmenté trois trimestres sur quatre en 2011.

Par bonheur, Québec parvient toujours à emprunter à des coûts historiquement très faibles. La semaine dernière, il a consenti un rendement de 2,911% pour une émission de 500 millions d'obligations venant à échéance en 2022.

C'était la première fois en trois mois que la province empruntait. Le taux consenti était de 106,5 centièmes de plus qu'une obligation fédérale de même échéance. Le 30 juin, après une fin de session parlementaire houleuse, la province avait dû consentir un écart de 116 centièmes et un rendement de 2,965%.

Ne pas garder le cap sur le retour à l'équilibre budgétaire dès le prochain exercice augmenterait à coup sûr ses coûts d'emprunt.