Les augmentations d'impôts prévues par le Parti québécois et la Coalition avenir Québec font beaucoup de mécontents, particulièrement chez les propriétaires immobiliers et les entrepreneurs.

Pour financer les baisses d'impôts promises à la classe moyenne, le PQ et la CAQ ont l'intention d'augmenter les impôts sur les gains en capitaux et sur les dividendes. Le PQ veut aussi imposer davantage les hauts salariés.

«Sur le plan économique, il nous apparaît que ce ne sont pas les meilleures mesures pour créer de la richesse. À l'inverse, elles incitent à ralentir les investissements au Québec», a dit Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec.

Il souligne que de nombreux Québécois, pas seulement des gens riches, seront touchés: des épargnants qui vivent de leur portefeuille de placement, des gens qui ont investi leurs économies dans l'achat d'un immeuble à revenus ou d'un chalet et qui verront leur rendement diminuer.

«On est abasourdi!», lance Hans Brouillette, porte-parole de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).

«En imposant davantage le gain en capital, on décourage les investissements, dit-il. Ça va freiner l'entretien du parc immobilier qui pose déjà un grave problème, en particulier quand il n'y a pas de propriétaire occupant. On voit qu'il y a une dégradation.»

Selon la CORPIQ, l'augmentation de l'impôt sur le gain en capital risque de décourager les acheteurs de plex. Déjà, les immeubles achetés ces dernières années sont très peu rentables (2 à 5% annuellement) considérant le travail exigé des propriétaires. «Le gain en capital est leur seul l'espoir de faire de l'argent», dit M. Brouillette.

Les entrepreneurs sont aussi décontenancés. «Vouloir taxer davantage la création de richesse, on trouve que ce n'est pas une approche qui est très entrepreneuriale. Ça décourage l'investissement, la productivité, le travail. Déjà, le Québec est assez pauvre en riches», a dit Martine Hébert, vice-présidente, Québec, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) qui représente 24 000 propriétaires de petites et moyennes entreprises (PME) au Québec.

Selon les engagements électoraux, les contribuables devront inclure les trois quarts de leurs revenus en capital dans leur déclaration de revenus, contre seulement la moitié en ce moment. À la vente de leur entreprise, les propriétaires de PME vont donc, «gruger plus vite dans l'exonération de gain en capital de 750 000$ qui est le fonds de retraite des entrepreneurs», dénonce Mme Hébert.

La réduction du crédit d'impôt sur les dividendes aura aussi un impact sur les dirigeants de PME qui sont nombreux à se payer en dividende, plutôt qu'en salaire. «L'entrepreneur paie déjà des impôts sur les profits de son entreprise. Et le taux d'imposition des PME au Québec est le double de la moyenne des autres provinces», indique Mme Hébert.

Enfin, M. Dorval est sceptique quant à la promesse du PQ d'augmenter les impôts sur les revenus supérieurs à 130 000$.

Les gens qui sont plus à l'aise sont aussi plus mobiles, ils peuvent aller ailleurs, dit-il. Une hausse d'impôt risque aussi de décourager les gens à travailler plus d'heures, à accepter un poste plus élevé qui demande plus de travail. Cela aura un impact sur la productivité, croit M. Dorval.

Il cite l'exemple de l'Angleterre qui avait haussé les impôts des plus riches, afin de rétablir les finances de l'État. Or, le gouvernement s'est retrouvé avec moins de revenus au total. L'effet net de la mesure a été négatif, si bien que l'Angleterre a fait marche arrière.