Le plan de match du Parti québécois en matières de finances publiques s'est fait attendre et on peut comprendre pourquoi. Pour réussir à préserver le fragile équilibre budgétaire de la province et à financer ses engagements électoraux, Pauline Marois a dû se résoudre à augmenter le fardeau fiscal des Québécois, ce qui n'est jamais facile à vendre en campagne électorale.

Deux nouveaux taux d'imposition seront ajoutés aux trois existants, si le Parti québécois est élu le 4 septembre. Un taux de 28% s'appliquera pour la partie du revenu imposable qui dépasse 130 000$ et à 31% pour la partie qui dépasse 250 000$.

Visant toujours les mieux nantis, le Parti québécois propose aussi d'augmenter le taux d'inclusion des gains en capital de 50% à 75% et de réduire de moitié le crédit d'impôt applicables aux dividendes.

Les revenus supplémentaires de ces hausses du fardeau fiscal, estimés à 1 milliard, serviront notamment à financer l'élimination de la taxe santé instauré parle gouvernement de Jean Charest.

L'autre source de revenus supplémentaires sur laquelle compte Pauline Marois pour s'attaquer à la dette est une augmentation des redevances des sociétés minières, qui devrait rapporter 388 millions de plus par année. Il s'agit d'un apport plus incertain, compte tenu que le calcul des redevances repose sur une base extrêmement volatile, soit le prix des métaux et le profit des entreprises.

L'économiste Nicolas Marceau, qui est aussi candidat péquiste dans Rousseau, a soutenu hier que ces deux mesures suffiraient à financer des engagements électoraux qualifiés de «très raisonnables», à 992 millions pour 5 ans et à éliminer le déficit.

Le cadre financier du Parti québécois a reçu la bénédiction de deux spécialistes indépendants, Marcellin Joanis et Luc Savard, tous deux professeurs à l'Université de Sherbrooke.

Il s'appuie sur les prévisions de revenus et de dépenses du plus récent budget du ministre des Finances Raymond Bachand, qui apparaissent aujourd'hui un peu trop optimistes.

Le plan budgétaire de mars dernier misait en effet sur un taux de croissance économique de 1,9% en 2013, que les économistes du secteur privé ont ramené depuis à moins de 1%.

En plus de financer des engagements de 992 millions, notamment pour augmenter les places en garderies, le Parti québécois compose lui aussi avec l'obligation de trouver 875 millions supplémentaires pour équilibrer le budget.

Il compte réaliser cet exercice périlleux à l'aide d'une gestion rigoureuse des dépenses gouvernementales, dont la croissance sera limitée à 2,4% par année s'il prend le pouvoir. Pauline Marois, qui sait par expérience combien il est difficile de contenir les dépenses de programmes, estime qu'une croissance de 2,4% est plus réaliste que l'objectif de 2% des Libéraux de Jean Charest pour 2014-2015.

L'autre mesure importante du cadre financier péquiste est l'abolition du Fonds des générations créé pour rembourser la dette. Plutôt que d'accumuler un peu d'argent chaque année dans le Fonds et le faire fructifier pour faire un gros versement pour réduire la dette en 2025, le parti québécois estime qu'il est moins risqué de diminuer la dette peu à peu chaque année. Les sommes accumulées dans le Fonds des générations sont en effet investies par la Caisse de dépôt, et donc à risque. Plutôt que d'augmenter, le trésor du Fonds des générations a donc fondu de 326 millions en 2008 lorsque la Caisse de dépôt a affiché un rendement négatif de 25%.

Le Parti québécois propose donc de prendre les 5,5 milliards accumulés jusqu'à aujourd'hui dans le Fonds des générations pour réduire la dette dès cette année, ce qui permettrait à la province d'économiser 250 millions en intérêts.

Finalement, le Parti québécois s'est engagé à abolir la hausse des tarifs du bloc patrimonial d'électricité décrétée par le gouvernement Charest et devant servir à réduire la dette, ce qui n'a pas d'impact direct sur les équilibres financiers du gouvernement.