Qui avait la meilleure (ou plutôt, la moins pire) boule de cristal économique lors des élections de 2008?

L'Action démocratique du Québec, dont les prévisions de revenus pour financer ses dépenses électorales se sont avérées les plus près de la réalité. Le Parti libéral du Québec arrive au deuxième rang, devant le Parti québécois.

L'ADQ, qui avait un cadre financier seulement pour les deux prochaines années du mandat, estimait que les revenus du gouvernement n'augmenteraient pas en raison de la croissance économique (ils seraient ainsi identiques aux prévisions du ministère des Finances). L'ADQ ne finançait pas ses promesses électorales grâce à la croissance économique mais avec des coupes dans les programmes gouvernementaux et les subventions aux entreprises, ainsi qu'avec la vente de 7% d'Hydro-Québec.

Sur deux ans, le PLQ avait prévu des revenus supplémentaires de 602 millions aux prévisions du ministère, et le PQ des revenus supplémentaires de 660 millions. Finalement, l'ADQ et le ministère des Finances se sont trompés de 7,9%, le PLQ de 8,8% et le PQ de 8,9%.

Pour l'année financière actuelle, en 2012-13, le ministère des Finances avait surestimé les revenus de 3,0%, le PLQ de 4,7% et le PQ de 4,9%. L'ADQ n'avait pas déposé de cadre financier pour 2012-13.

«Nous avons choisi d'être très prudents dans nos prévisions économiques parce que le Québec était sur le bord d'une crise. Il faut avoir le courage de donner l'heure juste. Durant la campagne actuelle, je sens les gens plus sceptiques quand les partis annoncent des dépenses. Ils ne veulent plus se faire raconter des histoires, ils veulent que nos budgets balancent», dit Gérard Deltell, ex-chef de l'ADQ de 2009 à 2012 et candidat de la Coalition avenir Québec dans Chaveau aux élections de 2012.

Le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, fait valoir la campagne électorale de 2008 n'est pas le meilleur exemple pour mesurer la boule de cristal économique des politiciens québécois. «Au moment de la campagne électorale, nous n'étions pas en récession, dit le ministre Bachand. C'est le Mouvement Desjardins qui a annoncé le premier la récession le mois suivant, en janvier 2009. Personne, pas même les économistes, ne prévoyait l'ampleur de la crise durant la campagne. Dans leurs prévisions de revenus, les politiciens se fient au consensus des économistes, et les économistes n'avaient pas prévu l'ampleur de la crise.»

Le ministre Bachand se félicite d'avoir limité la hausse des dépenses à 3,8% par année depuis 2008, alors que l'objectif annoncé en campagne électorale était de 4,5% par année. «Les dépenses, c'est ce qu'on contrôle le plus, dit-il. Je ne pense pas que nous puissions être tenus responsables de ce qui est arrivé dans les grandes banques américaines (qui ont provoqué la crise ayant diminué les revenus du gouvernement).»

Professeur de fiscalité à l'Université de Sherbrooke, Luc Godbout trouve les cadres très utiles en campagne électorale, même s'ils ne sont pas toujours une bonne boule de cristal économique. «Avec un cadre financier, on voit comment les promesses électorales d'un parti s'intègre dans le budget du gouvernement, dit M. Godbout. En 2008, les libéraux disaient que c'était possible de passer à travers la récession avec la sacoche de Mme Jérôme-Forget. Ça s'est avéré inexact.»