Boucler le budget du Québec est devenu depuis quelques années un exercice funambulesque.

Voilà pourquoi chaque parti a dû présenter le cadre financier de ses engagements, pris au cours de la campagne, le Parti québécois étant le dernier à livrer le sien, hier.

Chaque parti a pris pour point de départ le Plan budgétaire présenté par le ministre sortant des Finances Raymond Bachand dont les projections de revenus et de dépenses vont jusqu'en 2016-2017.

La projection des recettes fiscales repose sur une croissance économique de 3,5%, exprimée en dollars courants, ce qui représente une croissance de près de 2%, si on exclut l'inflation.

La croissance anémique depuis un an et les risques accrus de stagnation au cours des prochains mois exercera beaucoup de pressions sur les rentrées fiscales qu'aucun des trois partis aspirant à former le prochain gouvernement ne prend toutefois assez en compte.

Ainsi, en mai, l'économie du Québec s'est contractée de 0,4% en termes réels, après avoir fait du surplace en avril et reculé de 0,2% en mars. Cette léthargie a amené la Banque Nationale à ramener sa prévision de croissance de l'économie québécoise à moins de 1%, cette année. L'an dernier, la faible expansion avait tout de même atteint 1,6%.

Le budget du ministre Bachand était fondé sur une croissance réelle de 1,7% cette année qui ne paraît pas au rendez-vous.

Le passage à vide d'avril et de mai s'est d'ailleurs traduit par des rentrées fiscales inférieures de quelque 300 millions par rapport aux deux mêmes mois en 2011. Ce, en dépit d'une hausse d'un point de pourcentage de la TVQ, le premier janvier.

L'équilibre budgétaire sera d'autant plus difficile à retrouver et à maintenir désormais que le poids de la dette atteint un niveau très inconfortable.

Les options sont limitées, compte tenu que le fardeau fiscal est devenu écrasant pour la classe moyenne, la principale catégorie de contribuables à le supporter.

Voilà pourquoi la réduction de la dette est devenue à l'avant-scène du débat électoral. Les trois partis s'y engagent, le Parti Québécois allant même jusqu'à consacrer les quelque 5.5 du Fonds des générations à cette fin. Peut-être faut-il rappeler que, de tous les ministres des Finances qui se sont succédés depuis 1976, seule Pauline Marois a consacré une partie d'un surplus budgétaire au remboursement de quelque 375 millions d'une dette brute qui atteindra bientôt les 200 milliards, soit un peu plus de la moitié de la taille de notre économie.

La Coalition Avenir Québec, forte de son noyau d'anciens membres de l'Alliance démocratique du Québec, fait de la réduction de la dette un de ses grands engagements.

Le Parti libéral du Québec promet pour sa part de verser tous les revenus provenant des redevances minières, gazières et pétrolières. Il les estime à 150 millions. Toutefois, il précise dans sa plate-forme que, de cette somme, il faudra soustraire l'impact de la baisse des paiements de péréquation. Il pourrait bien ne plus rester grand-chose.

Son Plan budgétaire prévoit d'importantes contributions au Fonds des générations dont la raison d'être est de réduire le poids relatif de la dette.

Encore faudra-t-il retrouver l'équilibre budgétaire...