Les promesses électorales qui fusent de tous côtés inquiètent les gens d'affaires du Québec.

«Avec la taille de la dette, il n'y a pas de marge de manoeuvre, a déclaré le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, au cours d'une rencontre avec quelques journalistes hier. Si on promet beaucoup, comment va-t-on réussir à contrôler la dette et à ne pas refiler la facture aux générations futures?»

Le Conseil du patronat a rendu publique hier l'édition 2012 de son Bulletin de la prospérité du Québec, un document qui vise à évaluer la position économique du Québec comparativement à d'autres provinces importantes du Canada et à des pays de l'OCDE (Organisation de la coopération et du développement économique). Ce bulletin n'est pas lié à la campagne électorale, mais M. Dorval a profité de l'occasion pour exprimer les préoccupations des gens d'affaires qu'il a rencontrés au cours des dernières semaines.

Il a affirmé qu'il n'avait pas vu de telles inquiétudes au cours de ses 35 années d'expérience dans le domaine public, à part lors d'un référendum sur la souveraineté du Québec.

«Les gens d'affaires sont préoccupés au sujet de la dette publique du Québec et des promesses électorales, a-t-il déclaré. Ils sont inquiets de voir qu'on promet beaucoup.»

M. Dorval n'a pas voulu viser un parti plutôt qu'un autre, expliquant que le Conseil du patronat ne voulait pas s'ingérer de façon partisane dans la campagne électorale.

«Il y a une pression énorme sur tous les partis pendant la campagne: on veut avoir plus de ceci, plus de cela, plus de subventions, a-t-il déclaré. Ça prend du leadership (du côté des partis), mais ça prend également de la responsabilité de la part des citoyens. À un moment donné, il fait arrêter de demander. Il faut être responsables face aux générations futures.»

Un « C « pour la province

Le Conseil du patronat a attribué la note «C» au Québec dans son bulletin de la prospérité, soit la même note que l'année dernière.

«Il n'y a pas eu de changement dramatique», a indiqué M. Dorval, précisant que ce bulletin ne mesurait pas uniquement les conséquences des actions gouvernementales.

«Les employeurs, les employés, les institutions sont aussi responsables», a-t-il déclaré.

Plus précisément, le Québec a mérité un «C» pour la disponibilité et la qualité de la main-d'oeuvre, l'état des finances publiques et l'environnement d'affaires, un «C-» pour les coûts de la main-d'oeuvre et un «D» pour la réglementation.

Les entreprises québécoises doivent produire en moyenne 29 documents différents pour se conformer à la réglementation, comparativement à 23 pour les entreprises ontariennes.

Le Québec fait également pauvre figure en ce qui concerne ce que le Conseil du patronat appelle l'intensité entrepreneuriale: il compte moins d'entreprises per capita que les autres provinces importantes du Canada, et moins de propriétaires d'entreprises et de travailleurs indépendants par rapport à l'emploi total.

Le Québec a aussi perdu du terrain en ce qui concerne les investissements en infrastructures publiques, mais M. Dorval a noté que ce n'était pas dû à une réduction de ses investissements, mais à un rattrapage de la part des autres provinces.

Le Conseil du patronat a noté une légère amélioration en ce qui concerne le taux de diplomation et de décrochage au Québec.

M. Dorval a noté que certains indices de prospérité colligés par d'autres organisations tenaient compte de facteurs comme le bonheur et la qualité de vie.

«Ce sont des éléments justifiables, mais ce n'est pas notre mission de regarder cela, a-t-il déclaré. Nous regardons davantage les aspects qui ont un impact direct sur l'économie.»