Les régimes de retraite, tant privés que publics, sont en crise. Mais les solutions pour remettre le système à flot sont complexes et difficiles à faire avaler aux travailleurs et aux retraités. Rien de gagnant en campagne électorale. Reste que la retraite des Québécois est en déficit...

Les rendements anémiques ont miné l'épargne-retraite. Depuis cinq ans, les fonds diversifiés ont livré un maigre rendement de 2% par an, tandis que les portefeuilles d'actions canadiennes, américaines et internationales sont dans le rouge, selon l'Univers de performance de Morneau Shepell.

On est loin des attentes de rendement des régimes de retraite qui restent autour de 6 à 7%. Et les perspectives de rendement ne sont guère plus roses pour les années à venir, car la croissance économique est faible dans la plupart des pays industrialisés.

Pour stimuler l'économie, les banques centrales ont réduit les taux d'intérêt à un creux historique. «Mais une telle politique monétaire est très coûteuse pour les épargnants», dit Jean-Pierre Aubry, économiste fellow associé au Cirano.

Plus les taux sont faibles, plus les régimes de retraite doivent mettre de l'argent de côté pour financer les rentes promises aux travailleurs.

Surtout que la retraite s'étire, car les gens vivent de plus en plus vieux. En 1970, une personne de 65 ans pouvait espérer vivre jusqu'à 81 ans. Aujourd'hui, cette personne devrait vivre jusqu'à 85 ans, soit quatre ans de plus à la retraite.

Pour garder le rythme, il aurait fallu relever l'âge de la retraite. Mais c'est l'inverse qui s'est produit. L'âge moyen de la retraite au Québec a fondu de 65 à 58 ans durant les années 80-90, avant de remonter à 61 ans.

Tout cela déséquilibre les régimes de retraite. Les déficits représentent un énorme fardeau pour les plus jeunes, bien moins nombreux que leurs prédécesseurs.

Et ce sera encore pire avec le vieillissement de la population. Actuellement, on compte un retraité (de 65 ans et plus) pour quatre travailleurs (de 20 à 64 ans). Dans 20 ans, ce sera un retraité pour deux travailleurs.

Plus on attend pour s'attaquer au problème, plus les solutions seront douloureuses.