La pire crise économique mondiale depuis près d'un siècle. Un dollar canadien qui grimpe en flèche et frappe les fabricants. Une balance commerciale qui plonge dans le rouge pour ne plus en sortir. Pas de doute: les huit ans pendant lesquels le gouvernement Charest a dirigé le Québec se sont déroulés dans un contexte économique particulièrement agité.

La trame de fond économique des années Charest est évidemment marquée par la crise du crédit de 2008. À l'automne de cette année-là, quelques mois avant la réélection des libéraux, la déroute financière plonge la planète dans un tumulte qui perdure aujourd'hui.

«Ça divise clairement la période en deux, analyse Carlos Leitao, économiste en chef de la Banque Laurentienne. Avant 2008, on pourrait décrire les années par une diminution constante du taux de chômage et une croissance économique certes modeste, mais quand même soutenue au Québec.»

Ça ne veut pas dire que tout était rose lors du premier mandat du gouvernement Charest. Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale, souligne que la demande pour les ressources en provenance des pays émergents et la bonne gestion des finances publiques au Canada ont propulsé notre dollar à la hausse de façon accélérée, ce qui a ébranlé le secteur manufacturier.

«Ce n'est pas rien, dit M. Pinsonneault. Il y a eu des dommages collatéraux - les plus faibles et ceux qui ne pouvaient pas s'adapter sont tombés. Mais les plus forts sont restés, et on peut dire que le secteur a finalement montré beaucoup de résilience.»

M. Pinsonneault relève aussi que c'est au début des années Charest que la balance commerciale du Québec est tombée dans le rouge pour ne plus jamais en sortir. La montée de la Chine et la perte de compétitivité du Québec générée par la hausse du dollar, notamment, ont fait passer le Québec d'un exportateur à un importateur net de marchandises. On attend encore le retour du balancier.

Puis la crise du crédit a frappé en 2008, entraînant le Québec dans sa première récession depuis le début des années 90.

«On peut dire qu'au Québec, ça n'a pas frappé trop fort comparativement à ailleurs», souligne toutefois François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins.

Visionnaire aux yeux de certains, chanceux de l'avis de bien d'autres, le gouvernement Charest avait déjà lancé de vastes projets d'infrastructures dans la province.

Ces investissements publics ont contribué à atténuer le choc. La solidité des banques canadiennes, l'absence de folie immobilière dans la province et le niveau d'endettement raisonnable des Québécois ont fait le reste pour limiter les dégâts.

Le résultat: ce fut trois trimestres de croissance négative consécutifs à la fin 2008 et au début 2009, suivis d'un retour en territoire positif.

Mais l'économie n'était pas sortie de l'auberge. Au sud de la frontière, la première machine économique de la planète peine encore aujourd'hui à se relancer, et les problèmes en série émanant de l'Europe ont continué de faire planer un contexte économique difficile sur le deuxième mandat de Jean Charest.

«Quand on regarde l'ensemble de la période, la première chose qui vient à l'esprit, c'est une croissance économique modeste, dit Marc Pinsonneault, de la Nationale. On parle d'une croissance moyenne annuelle de 1,6% en huit ans - c'est loin d'être fort. D'un point de vue économique, on ne peut pas dire que ce soit une période particulièrement favorable.»