Détenir un procédé unique de fabrication n'est pas suffisant pour connaître du succès en affaires, encore faut-il que le produit qui en sort réponde aux normes des clients et se vende à un prix concurrentiel.

C'est la dure leçon qu'a apprise Nutrocéan, de Rimouski, ancienne coqueluche du développement régional au Québec qui a souvent été citée en exemple dans les médias.

Issue de la recherche universitaire, cette société innovante suscitait beaucoup d'espoir dans le Bas-du-Fleuve, qui mise sur les technologies marines pour développer son économie.

Lancée en 2007, Nutrocéan a déposé son bilan le 26 juin dernier. Elle avait cessé définitivement la production en mars. Selon le responsable de l'actif, Stéphane Gauvin, chez Raymond Chabot syndic, l'entreprise n'a jamais vraiment réussi à produire de façon rentable ses microalgues marines, principale source alimentaire des larves de mollusque et de poissons marins en aquaculture. Le produit était susceptible d'intéresser les aquariums, les institutions de recherche et les biotechs.

«En 2007, la technologie était non conforme aux standards de l'industrie. Puis, en 2010, avec un nouveau procédé, les coûts de production se sont révélés plus élevés que ce qui avait été estimé», explique M. Gauvin.

En début d'année, les partenaires financiers ont décidé de quitter le navire. «C'est simple, on a manqué de financement pour pouvoir implanter à grande échelle une nouvelle technologie qui aurait réduit nos coûts de production par 10», explique au téléphone Serge Bujold, ancien président de Nutrocéan.

Pertes

Parmi les créanciers non garantis, on trouve le Centre local de développement Rimouski-Neigette, le Fonds de solidarité FTQ et Développement économique Canada, pour des sommes inférieures à 60 000$. La Banque Nationale détient une hypothèque de premier rang sur l'usine du boulevard de l'Industrie, à Rimouski.

Cette usine technologique d'avant-garde avait ouvert ses portes en septembre 2010 et nécessité un investissement de 1 million de dollars.

Les pertes sont en revanche plus importantes pour la Société de développement de l'industrie maricole (SODIM). «Elle a des actions privilégiées convertibles de 225 000$ en plus de sa réclamation de 137 000$», précise M. Gauvin.

Au total, les réclamations avoisinent le demi-million de dollars. Le syndic espère récolter 340 000$ de la vente des actifs.

Régulièrement donnée en exemple des retombées de la recherche universitaire sur le développement économique régional, Nutrocéan appartenait en partie à Valeo, société de valorisation de la recherche de l'Université du Québec et de l'Université Concordia.