Le Campus Bell de L'Île-des-Soeurs tolère mal la pluie. Moins de quatre ans après y avoir déménagé son siège social, Bell se dit victime de problèmes récurrents d'infiltration d'eau et vient de déposer une poursuite de 2,25 millions de dollars contre une série d'entreprises qui ont participé à la construction du complexe.

La poursuite vise notamment Canderel, maître d'oeuvre du projet, et L'Écuyer-Daoust, une firme d'ingénierie. Bell dit avoir observé des fuites dès 2009, qui ont culminé le 29 mai dernier lorsque de fortes pluies se sont abattues sur la métropole.

«Ce jour-là, les locaux du Campus ont été littéralement inondés, ce qui a causé de sérieux dommages à l'immeuble en plus de forcer l'arrêt de plusieurs activités de Bell», indique le document déposé mardi à la Cour supérieure.

Après cet incident, précédé par deux autres infiltrations majeures en 2009 et 2011, Bell a commandé une analyse externe à la firme BPA. Cet examen a révélé que le système de drainage de l'immeuble «est affecté par d'importants défauts de conception et de construction» qui le rendent inefficace, selon la poursuite.

«Ces défauts, s'ils ne sont pas corrigés, constituent une menace à long terme à la solidité de l'immeuble», souligne-t-on. Les importantes réparations requises causeront des inconvénients dans la conduite des affaires quotidiennes de Bell, ajoute le document.

Selon la poursuite, de nombreux joints du système de drainage n'ont pas été installés selon les recommandations du manufacturier. Des réparations faites par Canderel et d'autres sous-traitants ont paru résoudre le problème, mais les pluies diluviennes du 29 mai 2012 - et l'inondation subséquente - ont démontré que rien n'était réglé, indique-t-on.

Gilles L'Écuyer, président de la firme L'Écuyer-Daoust, affirmait ne pas avoir été informé de la poursuite lorsque La Presse Affaires l'a joint, hier. Le vice-président de Canderel, pour sa part, n'a pas rappelé au moment de mettre sous presse. Une porte-parole de Bell a quant à elle refusé de commenter.

Outre ces deux entreprises, Bell poursuit aussi Cité de l'île Phase I et II, KanAm, Reliance Construction et Rojec. Le conglomérat leur réclame 2,25 millions mais prévient que les dommages pourraient être plus élevés.

Le nouveau siège social de Bell à L'Île-des-Soeurs est composé de cinq immeubles de trois à huit étages totalisant 840 000 pieds carrés, indique le site web de Canderel. Plus de 3000 travailleurs montréalais de Bell y ont été centralisés.

Depuis la construction de ce complexe, un tout nouveau quartier résidentiel a commencé à voir le jour dans la pointe nord de L'Île-des-Soeurs, un secteur jusque-là inexploité. Le constructeur Proment compte ériger jusqu'à 1600 condos et maisons dans ce microquartier situé à l'entrée du pont Champlain.