La surenchère est encore bien présente dans le paysage immobilier montréalais. Après avoir reculé en 2011, le nombre de propriétés vendues au-delà du prix demandé a augmenté de 17% depuis le début de l'année.

Selon des données obtenues par La Presse Affaires, quelque 336 transactions se sont conclues par une surenchère de plus de 5000$ dans l'île de Montréal pendant les six premiers mois de cette année. Cela se compare à 287 à la même période l'an dernier.

Le phénomène est en hausse, mais il demeure très ciblé, fait valoir Paul Cardinal, directeur de l'analyse du marché à la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM). Il touche surtout les «plex» de deux à cinq logements situés dans les quartiers centraux de l'île. «C'est là où l'inventaire est le plus serré», a-t-il résumé.

L'arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie a mené le bal des surenchères de plus de 5000$ depuis le début de l'année, avec 53 des transactions réalisées au-delà du prix demandé. Suivent le Plateau-Mont-Royal (40 ventes), Côte-des-Neiges-NDG (35), Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension (34) et le Sud-Ouest (21), indiquent les données fournies par la CIGM.

Une proportion de 3,5% de toutes les transactions réalisées depuis janvier se sont soldées par une surenchère dans l'île de Montréal, ce qui demeure inférieur au sommet atteint en 2010.

À ce moment, la demande refoulée pendant la crise financière, combinée à l'entrée imminente de nouvelles règles hypothécaires, avait entraîné une ruée des acheteurs sur le marché. Et, en conséquence, une explosion des offres concurrentes.

Acheteurs informés

Les courtiers joints par La Presse Affaires confirment que la surenchère est bien moins fréquente que pendant le frénétique printemps 2010.

Pierre Viens, de Via Capitale Mont-Royal, qualifie le ralentissement de «notable», même si le phénomène demeure présent.

«Je viens de vendre un beau quintuplex rue Saint-Joseph, raconte-t-il. Le prix demandé était de 1,2 million, et j'ai reçu quatre promesses dès la première journée, dont trois au-dessus du prix demandé.»

La propriété s'est finalement vendue 10 000$ au-delà du prix affiché, affirme M. Viens. «C'est vraiment la seule transaction du genre que j'ai eu cette année, alors qu'en 2010, j'en avais plein, et à des montants nettement au-dessus du prix demandé.»

Marie-Claude Palassio, courtière chez McGill Immobilier, indique pour sa part que la surenchère est devenue «rarissime» dans son secteur d'activité. Les acheteurs sont pour la plupart bien au fait du niveau des prix sur le marché, selon elle.

«Il y a des offres multiples oui, mais pas de ventes en haut du prix demandé, a indiqué Mme Palassio. Je crois que les acheteurs sont souvent rebutés dans ces situations. Personne ne souhaite payer significativement plus que la réelle valeur marchande d'une propriété.»

Marché en santé

Ce rebond de la surenchère, après un ralentissement en 2011, témoigne probablement d'une confiance accrue des acheteurs de maisons, selon Paul Cardinal, de la CIGM. Le marché de la revente affiche d'ailleurs une croissance soutenue depuis le début de 2012.

«On a enregistré des croissances tous les mois depuis le début de l'année, par rapport à 2011, a noté M. Cardinal. Les taux d'intérêt demeurent très bas, et de nombreux premiers acheteurs estiment que c'est encore le bon moment pour faire le saut de la location à la propriété.»

Le segment de la copropriété vient de connaître son meilleur mois de mai de tous les temps, selon les données de la CIGM. Et les ventes, toutes catégories confondues, ont augmenté de 9% de janvier à mai 2012, par rapport à la même période l'an dernier.

Un total de 22 052 transactions ont ainsi été conclues en cinq mois dans le Grand Montréal, pour un montant total de 6,86 milliards de dollars. Cette somme exclut les transactions conclues entre particuliers, ainsi que l'achat de propriétés neuves directement auprès des promoteurs.

La CIGM publie vendredi ses statistiques pour le mois de juin 2012.

(Île de Montréal)

2007 : 1,3%

2008 : 1,5%

2009 : 1,4%

2010 : 4,5%

2011 : 3,1%

2012 : 3,5%

*Données pour les mois de janvier à juin Source: CIGM