Le vote, ce jeudi, des 780 travailleurs en lockout de l'usine Rio Tinto Alcan à Alma sur l'entente de principe conclue lundi entre le syndicat des Métallos et la direction de l'usine était suivi de très près par l'ensemble de la population au Lac-Saint-Jean.

«On retient notre souffle, c'est bien certain», a déclaré le maire d'Alma, Marc Asselin, précisant que le conflit qui dure depuis le 1er janvier a eu un impact majeur sur plusieurs acteurs économiques locaux en périphérie de l'aluminerie.

«On parle entre autres des petites et moyennes entreprises de service et des sous-traitants, des entreprises locales qui, elles aussi, ont dû reporter les contrats qu'elles avaient. Il y a des personnes qui ont été en chômage durant cette période aussi. Il y a eu un effet domino.»

Bien qu'aucun chiffre officiel n'ait été rendu public sur cet impact, le maire Asselin a indiqué que les estimations font état d'environ 300 travailleurs touchés de plein fouet par ce conflit qui n'est pas le leur.

Même si Alma n'est pas une ville monoindustrielle, le poids disproportionné de son aluminerie dans l'économie locale lui en a donné des allures depuis le début de 2012.

«C'est bien certain que le retour au travail nous redonnerait notre élan normal», a indiqué M. Asselin. «Au moment où l'on se parle et depuis les six derniers mois, la population a été prudente dans ses dépenses, prudente dans ses investissements, parce qu'on ne savait pas trop quand le conflit se terminerait.»

Cette prudence est facilement vérifiable, selon la directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie du Lac-Saint-Jean Est, Kathleen Voyer, particulièrement en ce qui a trait aux grosses dépenses et aux petits luxes.

«On a pu voir un ralentissement du côté de la construction, des rénovations également, au niveau des concessionnaires automobiles aussi. C'est la même chose dans les services de soins esthétiques, par exemple. Ce sont des secteurs qui ont été plus touchés que d'autres», a expliqué Mme Voyer.

Cette retenue s'est manifestée jusque dans les dépenses de la Ville, reconnaît Marc Asselin. «Nous avons effectué les dépenses prévues au budget mais il arrive parfois que des imprévus se produisent et qu'on doive ajouter des fonds, et de ce côté-là, nous avons été prudents. Dans l'ensemble, beaucoup d'entreprises - du côté des commerces, entre autres - ont été prudents également en ce qui a trait à leurs inventaires, ne sachant pas quand le conflit se réglerait.»

Le suspense était donc à son comble, jeudi: trois assemblées étaient prévues et l'on s'attendait à ce que le dépouillement des votes se prolonge jusqu'en soirée.

Après avoir été suspendues pendant des mois, les négociations avaient repris à la fin du mois de mai en présence d'un conciliateur du ministère québécois du Travail.

Les représentants syndicaux n'ont pas commenté le contenu de l'entente de principe de lundi, mais ils semblaient disposés à en recommander l'acceptation. Pour sa part, la direction a affirmé que les deux parties avaient fait preuve d'une ouverture qui a permis d'en arriver à cette entente de principe.

Le conflit porte notamment sur le recours accru à la sous-traitance. L'entreprise veut remplacer ses travailleurs qui prennent leur retraite par des sous-traitants dont les salaires seraient inférieurs.

Durant le litige, les syndiqués ont également dénoncé l'exploitation des barrages de Rio Tinto Alcan, qui a continué de vendre sa production d'électricité à Hydro-Québec.