Le plan d'action sur les changements climatiques dévoilé dimanche par Québec a le potentiel de propulser l'économie verte de la province. Mais son financement, qui repose presque uniquement sur le marché du carbone, comporte des incertitudes.

C'est ce que croient certains experts au lendemain de la publication par le gouvernement Charest de la nouvelle phase de son plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec.

Roger Fournier, expert en environnement et gaz à effet de serre chez Raymond Chabot Grant Thornton, se réjouit de voir Québec garder le cap sur son objectif d'abaisser ses émissions de GES de 20% sous les niveaux de 1990 d'ici à 2020. Son inquiétude, c'est que 90% du plan de match du gouvernement est financé à même le marché du carbone censé démarrer l'an prochain. Or, des incertitudes planent sur le projet, notamment de la part du partenaire du Québec dans ce marché, la Californie.

«Financer 90% du plan à partir du marché du carbone, je ne suis pas sûr que ce soit excellent. D'abord, ce marché, aujourd'hui, il n'est pas là. Et même s'il se met en place, les prévisions de revenus me semblent optimistes», dit M. Fournier.

Québec espère récolter 2,45 milliards d'ici à 2020 en vendant des crédits de carbone aux entreprises réglementées. Or, M. Fournier souligne que le plan d'action de Québec compte aussi une pléiade de subventions pour aider l'industrie à améliorer son bilan.

«D'un côté, on donne de l'argent pour aider à réduire les émissions, mais ces réductions diminuent le besoin pour les crédits qui financent le programme. Disons que c'est un peu paradoxal», dit-il.

Jean Nolet, économiste à la tête de la firme Écoressources, ne partage pas ce point de vue. Selon lui, la demande pour les crédits bondira en 2015 lorsque les distributeurs et importateurs de carburant commenceront à être réglementés. Le prix des crédits pourrait alors bondir et Québec pourrait récolter davantage que ses prévisions, croit M. Nolet.

Le fait que les grands émetteurs québécois devront bientôt réduire leurs émissions fait par ailleurs saliver les petites boîtes qui développent des technologies vertes. La grappe industrielle Écotech Québec travaille à organiser des rencontres entre les grandes entreprises polluantes et les PME susceptibles de leur fournir des solutions.

«Le nouveau plan d'action représente une belle occasion d'accélérer le développement et la commercialisation des technologies propres», croit Denis Leclerc, président d'Écotech Québec, qui voit notamment un potentiel pour la filière québécoise de l'efficacité énergétique.