Oui, certains ont une voiture de l'année, le plus récent iPhone et un imposant budget d'alcool. Mais la moyenne des étudiants québécois vit de façon «extrêmement modeste» selon la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). Au point où même le stéréotype du Kraft Dinner est menacé.

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«Certains étudiants n'arrivent plus à se payer du Kraft Dinner», dit Martine Desjardins, présidente de la FEUQ, qui a publié l'an dernier trois études sur la situation financière des étudiants.

Selon ces études (faites à partir d'un sondage mené auprès de 12 610 étudiants), les étudiants gagnent en moyenne 10 394$ par année en travaillant, mais il leur en coûte 16 434$ pour payer leurs études, leurs frais de subsistance et leurs loisirs. Le déficit annuel de 6040$ est parfois financé par les parents, parfois par les banques. À la fin de leur baccalauréat, 35% des étudiants n'ont pas de dette, mais les étudiants endettés doivent rembourser en moyenne 13 967$. «L'endettement étudiant est banalisé, dit Martine Desjardins. Le nombre d'étudiants fréquentant les banques alimentaires a augmenté de 30%. L'automne dernier, je disais à la blague qu'il faudrait créer un Club des petits déjeuners pour étudiants.»

Dans ses études, la FEUQ a remarqué une strate d'étudiants aisés qui disposent d'un budget de loisirs important. D'où le stéréotype de «l'étudiant qui boit de la sangria sur une terrasse à Outremont», comme relaté par le chroniqueur du Journal de Montréal Richard Martineau. Selon la FEUQ, le budget moyen de loisirs d'un étudiant est de 2339$ par année, tandis que le budget médian (celui de l'étudiant au milieu de l'échantillon) est de 1300$. «L'étudiant qui a une voiture de l'année et un iPhone se fait forcément remarquer, mais on ne parle pas de celui qui a un téléphone normal et qui prend l'autobus», dit Martine Desjardins. Selon l'étude de la FEUQ, 56% des étudiants prennent les transports en commun comme principal moyen de transport.

Martine Desjardins fait valoir que les étudiants ont le droit d'avoir des loisirs. «On veut bien se concentrer sur nos études, mais il ne faut pas abolir tous les loisirs. Les études démontrent que l'absence de loisirs a une incidence sur la santé mentale et la motivation d'une personne. Et la vie sociale fait partie de l'expérience universitaire», dit la présidente de la FEUQ, qui s'inquiète aussi de la charge de travail rémunéré des étudiants. «C'est normal de travailler pendant ses études. Mais 19 heures par semaine durant la session, c'est énorme comme moyenne.»

Statistique Canada et le gouvernement du Québec n'ont pas été en mesure hier de fournir des données sur la situation financière des étudiants québécois.

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BUDGET D'UN ÉTUDIANT (PAR MOIS)

REVENUS

> Travail 866$

> Dettes et aide financière 282$

TOTAL: 1148$

DÉPENSES

> Frais de scolarité et frais afférents 239$

> Livres et matériel scolaire 56$

> Logement (loyer, électricité, chauffage et meubles) 575$

> Nourriture 275$

> Transport 71$

> Loisirs 195$

TOTAL: 1411$

Note : Il s'agit des données financières pour les étudiants de premier cycle à temps plein selon un sondage de la FEUQ mené auprès de 12 610 étudiants universitaires à l'automne 2009. Il y a un écart de 498$ entre la somme de tous les postes de dépenses (16 932$) et les dépenses totales moyennes (16 434$).

Source : Fédération étudiante universitaire du Québec.

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EN CHIFFRES

65% Pourcentage des étudiants qui finissent leur baccalauréat endettés.

13967$ Dette moyenne des étudiants endettés à la fin de leur baccalauréat.

16434$ Dépenses moyennes par année d'un étudiant universitaire de premier cycle pour ses frais d'étude, de logement, de nourriture, de transport et de loisirs.