Le président et chef de la direction du fabricant de produits d'acier Canam (CAM), Marc Dutil, est revenu à la charge vendredi pour dénoncer les initiatives gouvernementales visant à favoriser l'utilisation du bois dans la construction d'édifices publics.

«Nous croyons que c'est un non-sens!» a lancé M. Dutil au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers.

«Nous aimerions signaler que les ingénieurs et les architectes sont bien mieux placés pour déterminer comment dépenser l'argent des contribuables que des gens qui se présentent à des élections aux quatre ans», a-t-il ajouté.

Dans son plus récent budget, déposé le mois dernier, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a annoncé que le gouvernement investira 28,9 millions $, au cours des cinq prochaines années, dans diverses initiatives pour encourager l'industrie de la construction à utiliser le bois dans des projets aussi bien publics que privés.

Pour les structures d'édifices, l'acier domine largement les secteurs de la construction non résidentielle et multirésidentielle. Québec veut toutefois donner un coup de pouce à l'industrie forestière, durement frappée par la crise immobilière aux États-Unis et le déclin de la demande de papier.

L'architecte principal du projet de nouvel amphithéâtre à Québec, François Moreau, a indiqué récemment que l'édifice pourrait être construit «tant en bois qu'en acier» ou en faisant une utilisation hybride des deux matériaux.

Canam met toutefois le paquet pour convaincre les décideurs politiques d'opter pour l'acier. Marc Dutil calcule qu'un éventuel contrat pour la structure de l'amphithéâtre pourrait générer des revenus oscillant entre 40 et 45 millions $ pour son entreprise, soit entre cinq et dix pour cent du chiffre d'affaires annuel. Le dirigeant s'attend à ce que l'appel d'offres soit lancé à l'automne.

Résultats

Grâce notamment à une augmentation de son chiffre d'affaires et de ses marges bénéficiaires, Canam a réussi à réduire considérablement sa perte au premier trimestre.

Au cours de la période qui a pris fin le 31 mars, l'entreprise québécoise a essuyé une perte nette de 1,3 million $ (trois cents par action), en forte baisse par rapport à celle de 39,7 millions $ (88 cents par action) enregistrée pendant la même période de 2011.

Il faut dire que l'an dernier, Canam avait inscrit une provision de 34 millions $ liée aux dépassements de coûts des travaux de parachèvement des câbles du toit rétractable du stade BC Place, à Vancouver.

Les résultats surpassent les attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient en moyenne sur une perte de sept cents par action.

Les revenus du premier trimestre de 2012 ont bondi de 38 pour cent pour atteindre 208,3 millions $, en raison principalement de la hausse des ventes de poutrelles et de tabliers métalliques.

«Ce trimestre continue de refléter la lente tendance à la hausse qui a débuté l'automne dernier de même que les résultats de certaines initiatives commerciales bien exécutées dans les différents secteurs d'activités de Canam», a déclaré M. Dutil.

Le carnet de commandes de l'entreprise a toutefois fondu de neuf pour cent pendant le trimestre, passant de 462 millions $ à la fin décembre à 421 millions $ au 31 mars.

Canam fabrique des produits de construction en acier et offre des services de conception. L'entreprise exploite plus de 25 établissements de fabrication et de services d'ingénierie au Canada, aux États-Unis, en Roumanie, en Inde et en Chine, en plus de détenir des participations dans des entreprises en Chine et en France.

L'action de Canam a clôturé à 4,65 $ vendredi, en hausse de 2,2 pour cent, à la Bourse de Toronto.