Les pharmaciens propriétaires québécois pourraient encaisser une nouvelle baisse de revenus si Québec devait emboîter le pas à l'Ontario et réduire une fois de plus le coût de certains médicaments génériques.

Dans une déclaration rendue publique vendredi dernier, le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, a indiqué son intention de réduire de 20% le coût des 10 médicaments génériques les plus vendus sur le territoire ontarien. Une prise de position susceptible d'engendrer des économies de 55 millions de dollars selon lui.

En adoptant cette mesure, l'Ontario devrait entraîner le Québec dans son sillage. En effet, en vertu de la politique québécoise du médicament, les fabricants de génériques sont tenus d'offrir au régime public québécois d'assurance médicaments le meilleur prix au pays.

Bien que l'annonce faite par Dalton McGuinty n'en soit qu'au stade de l'intention, le ministère de la Santé et des Services sociaux confirme, par l'entremise de sa porte-parole Noémie Vanheuverzwijn, qu'il suit de près la situation et qu'il respecterait «l'engagement règlementaire du meilleur prix au Canada» si la mesure devait être adoptée. «La priorité reste toujours de maintenir l'accès des médicaments à la population, et ce, au meilleur coût possible», a ajouté Noémie Vanheuverzwijn.

Selon Bertrand Bolduc, pharmacien de formation et président du conseil d'administration de Galenova, les gouvernements auraient toutefois intérêt à limiter les réductions de coûts qu'ils imposent aux fabricants. «En continuant de réduire les prix, les compagnies vont discontinuer des produits et, après, on va chialer qu'on est en pénurie», a-t-il dit.

De son côté, Vincent Forcier, directeur aux affaires publiques de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, appréhende une nouvelle réduction du prix de certains médicaments génériques pour les membres qu'il représente. «On ne peut pas être contre le fait de vouloir rendre accessibles à la population les médicaments en abaissant le prix, mais, à un moment donné, il faut tenir compte de la réalité des pharmaciens», a-t-il confié en entrevue téléphonique.

En un peu plus de deux ans, les pharmaciens du Québec ont vu leurs allocations associées à la vente d'un médicament générique baisser de plus de 65%, entraînées principalement par la réduction du coût des médicaments génériques qui est passé de 54% à 25% de la valeur d'un équivalent breveté. Advenant l'application de la mesure ontarienne, puis son adoption au Québec, ce coût passerait à 20% pour les 10 médicaments génériques les plus vendus dans la province, et réduirait d'autant la hauteur des allocations perçues par les pharmaciens pour ces médicaments.