Insatisfaite des propositions récentes d'Ottawa et de Québec sur la Sécurité de la vieillesse et le Régime volontaire d'épargne-retraite, la FTQ revient à la charge avec sa demande de bonifier le Régime des rentes du Québec.

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, et le vice-président, Serge Cadieux, ont rencontré la presse, mardi, à l'occasion d'un séminaire annuel de la centrale syndicale sur la retraite. Signe des temps, ce genre de séminaire attirait habituellement 150 représentants syndicaux; mardi ils étaient 400.

La question des régimes de retraite est devenue «le dossier chaud de l'heure» qui préoccupe l'ensemble des syndicats, a rapporté M. Arsenault.

Et, selon lui, tant le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, que son homologue fédéral, Jim Flaherty, font fausse route avec leur projet respectif.

M. Arsenault critique le projet de Régime volontaire d'épargne-retraite de Québec dans le cadre duquel les employeurs n'ont guère d'obligation. «Ça ne fonctionne pas l'épargne volontaire. Le ministre Bachand, il a de la misère à le dire sans rire, mais il pense que les gens vont adhérer à son régime volontaire», s'est-il insurgé.

Et le fédéral qui veut hausser l'âge d'admissibilité de 65 à 67 ans pour les prestations de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti est aussi à blâmer, à son avis, puisqu'il s'attaque alors aux aînés les plus démunis.

«C'est pas vrai qu'un soulier fait à tout le monde. Pour quelqu'un comme moi qui travaille dans un bureau, de 65 à 67 ans, ça peut être regardable. Mais augmenter l'âge de la retraite d'un mineur sous terre - comme j'ai fait pendant des années - c'est une autre histoire. Quelqu'un qui a travaillé toute sa vie sur des quarts de travail dans la sidérurgie, dans un moulin à papier ou sur la construction, c'est une autre histoire», a protesté M. Arsenault, dont 60% des membres travaillent dans le secteur privé.

La FTQ propose une tout autre voie pour que les retraités aient accès à des revenus suffisants. S'étant fait conseiller par des spécialistes de la question, elle propose de bonifier graduellement le Régime des rentes du Québec, en faisant passer la rente de 25 à 50% des revenus de travail.

Par exemple, à l'heure actuelle, pour un salaire annuel moyen de 37 575 $, le retraité touchera à 65 ans 8880 $. La FTQ estime que «c'est nettement insuffisant» et propose de faire passer la rente à 17 760 $.

La centrale syndicale propose aussi d'augmenter le revenu sur lequel les cotisations sont calculées de 50 100 $ à 66 000 $, comme c'est le cas pour la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST).

Les cotisations aussi augmenteraient, mais dans une moindre mesure et sur plusieurs années, selon le projet de la FTQ. «Doubler la rente du Régime des rentes du Québec coûte moins que le double de la cotisation», affirme la FTQ.

Pour le même salaire de 37 575 $, la cotisation basée sur le salaire passerait de 4,6% à 7,1% après sept années.

«Si on ne fait pas ça, on va avoir dans 30 ou 40 ans d'ici une responsabilité sociale», a prévenu M. Arsenault.

«Il y a seulement 27% de la population, à l'heure actuelle, qui a une bonne chance d'atteindre un niveau de retraite acceptable. Dans 40 ans d'ici, moi je ne serai probablement plus là, mais les gens qui vont être là vont être obligés de subvenir aux besoins de la génération vieillissante avec de l'aide sociale, si on ne fait pas quelque chose tout de suite», a précisé le président de la plus grande centrale syndicale du Québec.

Le projet de la FTQ est appuyé par des groupes aussi divers que Force jeunesse et le Réseau FADOQ (Fédération de l'âge d'or du Québec), rapporte M. Arsenault, qui compte bien revenir à la charge auprès des deux ordres de gouvernement.