Les investisseurs ont jugé sévèrement SNC-Lavalin à la suite de l'annonce, mardi matin, qu'une enquête interne a été déclenchée concernant des versements mal comptabilisés.

L'action a entamé la séance à un cours 20% [[|ticker sym='T.SNC'|]] plus bas qu'à la fin de la séance précédente. Se remettra-t-elle d'un tel événement?

Les analystes techniques portent beaucoup d'attention à ces écarts entre le prix à la clôture d'une séance et celui à l'ouverture le lendemain. Ce sont à ces moments que la Bourse agit parfaitement, car tous les investisseurs possèdent en même temps la même information, explique Jean Soublière, analyste technique et président de l'ACTIF, un mouvement d'éducation financière structuré selon la formule coopérative.

Et bien que cette information était succincte, elle a suffi aux investisseurs pour qu'ils retranchent instantanément 20% de la valeur boursière de la firme de génie-conseil québécoise. «Il faudrait être naïf pour croire qu'il s'agit là d'une situation passagère et que le titre remontera rapidement», dit Jean Soublière.

Les volumes de transactions très élevés des derniers jours confirment que de nombreux investisseurs jettent l'éponge quant aux perspectives à court et moyen terme de SNC-Lavalin.

D'ailleurs, c'est depuis le 21 février que les volumes de transactions ont commencé à augmenter sensiblement, note M. Soublière. «Et comme le titre faiblissait, on peut croire que les investisseurs les plus avisés avaient commencé à vendre», dit-il.

L'annonce est survenue à un moment où le titre était déjà dans situation précaire, ajoute Monica Rizk, analyste technique principale chez Phases&Cycles. La tendance était à la baisse depuis un an, et un signal inquiétant était apparu le 10 février lorsque le titre avait pénétré sa moyenne mobile de 200 jours, confirmant cette tendance à la baisse. Cela coïncidait avec l'annonce du congédiement de Riadh Ben Aissa et Stéphane Roy, deux hauts dirigeants mêlés aux affaires de la firme en Lybie.

Les jours précédant l'annonce, le titre se situait à un niveau de support important à 47-48$. Ce support a lamentablement cédé, note Mme Rizk.

Que faire maintenant?

Les gens qui détiennent déjà le titre voudront naturellement récupérer leurs pertes et songeront peut-être à ajouter à leurs positions pour réduire leurs coûts. Cette stratégie sera dangereuse, croit Jean Soublière. «Il ne faut jamais ajouter du bon argent dans un mauvais placement», dit-il. Il suggère plutôt de laisser retomber la poussière, voir où le titre pourra consolider et vendre lorsqu'un premier rebond intéressant se produira. «Mieux vaut sortir à la première occasion lorsque le titre rebondira», suggère également Monica Rizk.

Chez les gestionnaires de portefeuilles, les actions dépendront du style de gestion qu'ils pratiquent, explique Sylvain Roy, chef des placements adjoint chez Fiera Sceptre. «Les gestionnaires de style momentum sortent dès maintenant», dit-il.

Pour les autres, un réexamen sérieux de la situation s'impose, explique Marc Gagnon, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance.

Les profits ne fournissent pas un bon support au titre de SNC-Lavalin, car les résultats sont inférieurs aux attentes depuis quelques trimestres. Et la réputation de la firme a été maintes fois entachée au cours de la dernière année. Les actions que prendront les dirigeants de la firme quant à l'éthique, la composition de son conseil d'administration et de son équipe de hauts dirigeants seront déterminantes.

Il faut refaire l'évaluation de l'entreprise, et ce ne sera pas facile, croit M. Gagnon. Les risques réputationnels sont généralement gérables. «Mais dans le cas de SNC-Lavalin, on ne connait pas encore l'étendue des problèmes», dit-il.

Les investisseurs doivent établir différents scénarios d'impact, soit neutre, négatif ou très négatif, et déterminer ce que vaut l'action dans chaque cas. Cela facilitera la décision lorsqu'on en saura un plus sur l'ensemble des problèmes.

Pour l'instant, M. Gagnon conservera le titre même s'il estime qu'il pourrait aller plus bas. Mais à ceux qui n'en ont pas dans leur portefeuille, il suggère d'attendre. Le scénario le plus négatif n'est pas impossible, selon lui. Cela dépendra jusqu'où on découvrira que les problèmes qui font surface sont incrustés dans les valeurs de l'entreprise.

Pour en savoir plus sur la Bourse, visitez la série Éducation des investisseurs, rédigée par Jean Gagnon, à l'adresse :

https://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/portfolio/education-des-investisseurs/