Même si le Québec a enregistré un excellent taux de croissance de sa population au cours des cinq dernières années, cela n'a pas été suffisant pour enrayer le déclin de son poids démographique par rapport au reste du Canada. Une tendance lourde qui risque de miner le produit intérieur brut (PIB) potentiel, estiment les économistes.

Statistiques Canada a dévoilé hier les faits saillants du dernier recensement 2011. Pour la première fois de l'histoire, les provinces de l'Ouest cumulent une population plus importante que celles du Québec et des provinces maritimes réunies. Entre 2006 et 2011, le taux de croissance démographique a été de 5,9% pour l'ensemble du Canada, alors qu'il a été de 4,7% pour le Québec.

«Dans les deux cas, il s'agit de taux de croissance supérieurs à ceux des pays du G8», souligne Guy Oddo, directeur général de Statistiques Canada pour le Québec et l'Est du Canada.»

«Mais ces statistiques confirment la tendance que l'on observe depuis 60 ans, soit que le poids démographique du Québec s'érode par rapport au reste du Canada. Les Québécois représentaient 28,9% de la population canadienne en 1951. Aujourd'hui, ils ne comptent que pour 23,6%», observe M. Oddo.

Le déclin démographique du Québec par rapport au reste du pays a des incidences certaines sur l'activité économique.

«Ce n'est pas la petite baisse que l'on vient d'enregistrer entre 2006 et 2011 qui va avoir des impacts, mais c'est la tendance qui dure et qui perdure qui est inquiétante», note Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

«Le déclin de la population en âge de travailler combiné à un nombre toujours grandissant de retraités est un phénomène qui touche plus durement le Québec et cela affecte ce que nous les économistes appelons le PIB potentiel», explique-t-il.

Essentiellement, le PIB potentiel est le résultat de l'addition de la croissance de la population en âge de travail et de la productivité.

La faible croissance de la population en âge de travailler va réduire les recettes fiscales et réduire le PIB.

Un constat que partage Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

«Le recul démographique va nous forcer à hausser de façon importante la productivité des travailleurs au Québec pour maintenir notre PIB potentiel à son niveau actuel», explique Hélène Bégin.

L'économiste a déjà réalisé une étude qui démontrait que le vieillissement de la population et la faible croissance de la population en âge de travailler allaient réduire de 0,5% le PIB québécois.

«Notre PIB qui a été en moyenne de 2% au cours des 20 dernières années tombera à 1,5% au cours des cinq prochaines années si on ne compense pas la faible croissance de la population par une augmentation marquée de la productivité», évalue l'économiste.

Les économistes accueillent toutefois favorablement la hausse de population de 4,7% qu'a enregistrée le Québec. Idéalement, remarque Marc Pinsonneault, il faudrait maintenir ce taux de croissance, mais ce n'est pas ce que prévoient les démographes.

«Au moins, insiste Hélène Bégin, il n'y a plus ce scénario noir qui laissait présager que la population du Québec allait commencer à décliner à partir de 2026. Les démographes estiment maintenant que la population québécoise va continuer de croître. C'est déjà ça de pris», souligne-t-elle.