David Segal a développé le concept des boutiques DAVIDsTEA il y a quatre ans, après avoir convaincu son associé Herschel Segal - qui est aussi le frère de son grand-père - d'embarquer dans l'aventure. À la suite de deux années d'intenses préparatifs, ils ont ouvert en un peu plus de 30 mois pas moins de 70 magasins. «Ça nous a pris deux ans pour réaliser ce succès instantané», souligne, avec un brin d'ironie, Herschel Segal.

Depuis la fin de 2009, les boutiques DAVIDsTEA essaiment un peu partout au Québec, au Canada et maintenant aux États-Unis, sans pour autant afficher de parti pris pour un type de clientèle particulier.

Si le premier magasin a vu le jour sur la rue Queen, à Toronto, il a été rapidement suivi par l'ouverture de la boutique de l'avenue du Mont-Royal, coin de la Roche, dans l'édifice voisin de celui où habitait David Segal, le créateur et le promoteur de la chaîne de boutiques qui porte son nom.

Loin d'être un concept urbain, on retrouve des DAVIDsTEA à Trois-Rivières, Chicoutimi ou au Carrefour Laval. Les deux dernières boutiques ont ouvert leurs portes en décembre dernier à New York, dans Manhattan.

C'est dans le magasin de la rue Saint-Viateur, coin Jeanne-Mance, tout juste ouvert lui aussi en décembre, que l'on rencontre les propriétaires de ces boutiques nouveau genre où l'on cultive la tradition millénaire de la dégustation et du commerce du thé avec un succès évident si on se fie au va-et-vient incessant des clients.

«J'aime le thé. J'étais un amateur et pourtant je ne voyais aucun lieu où on pouvait découvrir des variétés nouvelles ou différentes et en acheter dans une atmosphère agréable. L'idée, c'était de créer cet endroit», explique David Segal.

Un lancement préparé

David Segal avait 25 ans lorsqu'il a mis au point le concept des magasins DAVIDsTEA. Mais pour transposer son idée dans le monde implacable et bien réel du commerce de détail, il a pu compter sur les conseils d'un des plus grands spécialistes du domaine au Québec: Herschel Segal, le fondateur de la chaîne de magasins de vêtements Le Château.

«Lorsque j'ai quitté Le Château, en 2006, je cherchais un hobby pour m'occuper. J'avais le goût d'investir dans des projets d'affaires. J'ai fondé la société New Equity Corporation et David est venu travailler avec moi. J'avais lancé Le Château en 1959 avec son grand-père», explique le vétéran commerçant de 81 ans.

«Dans la première année de New Equity Corporation, on a étudié plus de 40 projets d'investissement. C'était beaucoup de travail, beaucoup de paperasse et on n'a rien vu d'intéressant. Lorsque David m'a proposé son projet, là j'ai embarqué.»

Pendant deux ans, David va rencontrer des fournisseurs. Il se rend en Inde et au Sri Lanka. Il met sur pied un laboratoire et embauche des spécialistes à Montréal pour sélectionner les variétés de thé et d'infusion qui seront mis en vente dans ses boutiques. On aménage un entrepôt où seront accueillis les thés sélectionnés dans des emballages scellés fabriqués spécialement pour DAVIDsTEA.

«On offre en magasins plus de 100 variétés de thé et une cinquantaine d'infusions. Chaque variété a été sélectionnée parmi 150 thés différents, insiste David Segal. Les gens vivent une expérience quand ils viennent chez nous. Un peu comme dans les boutiques spécialisées dans le vin.»

Lorsque la première boutique est ouverte, l'organisation est prête à faire face à la musique. Deux ans et demi plus tard, le groupe exploite 70 boutiques, emploie 1200 personnes, dont 75 à son siège social montréalais.

Au cours des prochaines semaines, sept nouveaux magasins vont voir le jour au Québec, en Ontario, au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique.

«Il y a encore beaucoup de place au Canada et on a la structure en place pour la développer. On a des projets d'expansion aux États-Unis et à l'international, mais on va le faire avec des partenaires», précise Herschel Segal, qui a été échaudé dans le passé par les difficultés qu'il a rencontrées à implanter ses magasins Le Château aux États-Unis.

Son jeune partenaire David est prêt, lui, à ouvrir des dizaines et des dizaines de nouvelles boutiques, ce qui pourrait l'amener à déménager.

«Quand j'ai ouvert le premier magasin au Québec, j'habitais au coin de la rue sur Mont-Royal. Là, j'habite tout juste au coin de notre dernier magasin de la rue Saint-Viateur.»