NON. C'est ce qu'a répondu d'une voix unanime le conseil d'administration de Fibrek (FBK) à l'offre d'achat hostile de Produits forestiers Résolu (AbitibiBowater) (T.ABH), qui évalue l'entreprise à 130 millions de dollars.

La direction de Fibrek a déclenché un branle-bas de combat qui inclut la recherche d'autres acheteurs et l'adoption d'une dragée toxique pour contrer l'assaut de Résolu.

«On juge que c'est un manque de respect total», a résumé hier le président et chef de la direction de Fibrek, Pierre Gabriel Côté, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

M. Côté a appris que Résolu voulait acheter Fibrek par un message laissé sur son répondeur par le président-directeur général de Résolu, Richard Garneau, quelques minutes avant l'annonce officielle de l'offre. «On trouve ça assez cavalier», a-t-il commenté.

La situation est particulière parce que Fibrek a vu le jour en rachetant l'usine de pâte de Saint-Félicien à AbitibiBowater pour une contrepartie de 640 millions. Abitibi offre maintenant 130 millions pour racheter l'entreprise, qui compte aujourd'hui deux usines de plus aux États-Unis.

Les deux entreprises ont aussi des liens étroits, parce que Résolu fournit 50% des copeaux dont Fibrek a besoin. Le holding Fairfax est aussi un important actionnaire des deux entreprises, avec une participation estimée à 18% des actions de Résolu et de 26% des actions de Fibrek.

Résolu fournit également 50% des copeaux dont Fibrek a besoin.

Malgré ces liens, Résolu soutient qu'elle n'est pas initiée au sens de la loi et qu'elle peut être dispensée de l'obligation de faire une évaluation indépendante de Fibrek.

Le fabricant de pâte ne l'entend pas de la même façon. «Abitibi possède une vaste connaissance opérationnelle de notre usine de Saint-Félicien puisque c'est elle qui l'a bâtie et qui en a été le propriétaire dans le passé, en plus d'en assurer l'exploitation», plaide l'entreprise.

Selon Pierre Gabriel Côté, en achetant Fibrek, Résolu mettrait la main sur tout l'approvisionnement en fibre disponible dans la région de Saint-Félicien. Résolu contrôle déjà 78% de ces approvisionnements et Fibrek est l'un des rares indépendants qui doit participer aux enchères prévues par le nouveau régime forestier. «C'est comme un coup d'État de la part d'Abitibi dans la région», estime-t-il.

Le conseil d'administration de Fibrek a réagi en se dotant d'un régime de droits des actionnaires, une dragée toxique qui lui permet de gagner du temps pour préparer sa contre-attaque.

Il a demandé une évaluation indépendante et sollicité d'autres acheteurs. Il y en a qui sont intéressés, a fait savoir M. Côté, qui ne veut pas en dire plus.

La direction de Fibrek ne sera pas en vacances dans le temps des Fêtes puisqu'elle préparera la réponse officielle à l'offre de Résolu. Le document devrait parvenir avant le 30 décembre aux actionnaires, qui sont invités à conserver leurs actions.

Le titre de Fibrek valait lundi 1,01$, inchangé par rapport à vendredi dernier. Depuis un an, il a varié entre 63 cents et 1,70$.